3ème film de Na Hong-jin, réalisateur de The Chaser qui m'avait déjà époustouflé, et bien c'est une nouvelle fois chose faite avec The Strangers. Impossible d'écrire une critique constructive en sortant de la salle de projection. Tellement de choses se poussaient dans ma tête, comme si mon cerveau n'avait pas eu le temps de digérer toutes les images, tous les états, toutes les sensations qu'il venait d'expérimenter pendant deux heures et demi.
Mais qu'est ce qu'il vient de se passer ?
C'est ce qu'on se dit lorsque démarre le générique de fin.
Pourquoi ?
Parce que Na Hong-jin va encore plus loin que ces deux précédents thrillers. Le réalisateur Sud-Coréen réussit presque à créer un nouveau genre de films en jonglant avec les films de genres. Il fait tomber les frontières et joue avec les codes avec une maîtrise de la mise en scène et de l'ambiance qui lui permet de ne jamais s'éparpiller, de garder l'ensemble cohérent. Et pourtant, ce n'était pas chose aisée. Ce qui commence comme une histoire de meurtres nous ballote entre rires et questionnements alors que les choses se mettent en place. Accroché à ce père de famille gentil, presque toujours père avant d'être policier, on avance comme lui dans cette enquête. Au début avec une certaine distance puis chemin faisant, on se retrouve comme lui pris au piège des événements. Et même s'il reste encore un peu de place pour le grand-guignol, on terminera cette enquête crispé à notre siège à tenter (peut-être en vain et ça ne gâchera rien au plaisir) de dénouer le pourquoi du comment, les raisons de tout ça. Impossible de fermer l’œil immédiatement, de mettre mes neurones en sourdine, Na Hong-jin a mis en place une machine machiavélique où ses acteurs absolument fantastiques se démènent. Je pourrais dire que j'ai vu là le premier film de "fantômes" qui m'a hanté. Pas de peur mais simplement car j'y ai vu bien plus qu'une intrigue. The Strangers possède à mon sens une deuxième lecture, bien plus philosophique que le fantastique exercice de style offert à mes yeux. Comme une fable horrifique, ce récit mêlé de superstitions nous assène le coup de grâce avec une morale qui s'applique non seulement aux personnages mais aussi aux spectateurs avec lesquels le réalisateur joue, en semant ça et là des détails qui les poussent toujours un peu plus loin. Finalement, à écrire ces lignes, je me rends compte que l'euphorie n'est pas retombée.
Chacun se fera son avis mais pour ma part, The Strangers est complètement fou, une folie qui transpire au delà de l'écran lors d'une formidable scène d'exorcisme, sommet d'une vague qui vient s'abattre sur le spectateur à la fois sonné et grisé.
Complètement fou et y'a que les fous qui ne changent pas d'avis...