GRIMSBY – 14,5/20
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le 26 févr. 2016
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Je n’ai pas aimé tous les films de Sacha Baron Cohen, mais Borat et The dictator m’avaient fourni suffisamment de fous rire pour que je sois intéressé par Grimsby. Même si la bande-annonce était peu convaincante, que le réalisateur est Louis Leterrier, et que le pitch est on ne peut plus réchauffé.
L’histoire est des plus simples : le héros, Nobby, est un beauf fan de foot, dont le frère, Sebastian, a disparu depuis 28 ans. Il s’avère que ce dernier est devenu agent secret, et lorsque Nobby le retrouve, il compromet sa mission, le faisant passer pour un assassin. Ils se prennent le MI-6 à leurs trousses, et malgré les réticences de Sebastian, Nobby va chercher à l’aider.
On a droit à des parodies plutôt bien trouvées de certains aspects du film d’espionnage, et même, étonnamment, à d’assez bonnes séquences d’action. La première en vue subjective est la plus marquante ; elle rappelle fortement Hardcore Henry, que j’avais vu une heure avant, et justement Leterrier et Cohen avaient demandé au réalisateur de tourner cette séquence au départ. Dans Grimsby toutefois, il y a plus de cuts, et ça aurait pu être plus lisible.
Mais plus que l’univers du cinéma d’action, c’est celui des beaufs qui est vraiment exploré.
Sacha Baron Cohen montre encore une fois un sacré talent pour incarner une caricature. Comme d’habitude, il se métamorphose physiquement ; il prend du bide alors qu’il avait sculpté son corps pour Brüno il y a quelques années, et il faut avouer qu’il arrive à adopter une bonne tête de con, qui est un gag en soi.
Nobby est, comme il le dit lui-même, une "sous-merde" (ou "scum" en VO). Et sa caractérisation se fait par des gags qui s’avèrent très justes, son comportement et sa bêtise ne sont que des exagérations de ce qu’on peut malheureusement voir en vrai.
On n’est pas si éloigné de l’esprit satirique de Borat finalement.
Toutefois, j’ai l’impression que Cohen a une réelle affection pour son personnage ; on revient plusieurs fois sur la relation entre les deux frères, et sur la solidarité qui existe parmi les humbles habitants de Grimsby, et même si c’est très souvent tourné en dérision, on dirait qu’il y a quand même une once de sincérité là-dedans. C’est difficile à prendre au sérieux, mais au bout d’un moment, il faut dire qu’il y a une certaine beauté dans la médiocrité et la beauferie assumée des personnages. Une pureté, même !
Alors l’humour est très gras, très con, voire trop parfois ; certains gags sont même plutôt faciles et prévisibles, mais beaucoup d’autres sont tellement énormes qu’ils excusent tout.
Grimsby fait preuve d’une inventivité impressionnante, explorant de nouveaux territoires insoupçonnés dans la connerie.
A deux reprises, le film fait référence plus ou moins directement à des œuvres de Trey Parker et Matt Stone, Team America et South park. Et justement je trouve que Grimsby est dans la veine du trash de South park, si ce n’est qu’il est en live-action.
C’est véritablement hallucinant ce qu’ose Sacha Baron Cohen ; je trouvais déjà The dictator trash, mais Grimsby va dix fois plus loin, se laissant emporter dans une démesure cartoonesque, qui laisserait pantois si on n’en éclatait pas de rire. J’en ai même pleuré.
Grimsby doit être la comédie la plus trash que j’ai vu (et ce n’est pas peu dire).
Je crois que Cohen est le seul à avoir à la fois le goût pour ça, et la réputation nécessaire pour laisser passer des idées aussi tarées dans un film mainstream.
Et c’est tellement réjouissant de voir de l’humour aussi trash, non seulement c’est hilarant et fait avec un très bon sens du rythme (la séquence avec l’éléphant, d’une durée parfaite, ça dure mais sans être trop long pour autant), mais il y a cette sensation superbe de voir quelque chose de réellement osé. Sacha Baron Cohen avait le final cut, ce qui lui a permis de garder dans le film les gags les plus outranciers, malgré les réticences du studio.
J’ai encore un peu de mal à accepter d’avoir autant ri face à un film pareil, mais c’est comme Borat : Grimsby est terriblement con et de mauvais goût, mais tellement drôle…
http://www.mediumscreen.com/2016/04/critique-grimsby-de-louis-leterrier.html
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le 18 avr. 2016
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