Écrire quelques mots sur "Gringo" est sans doute une galère encore bien pire que celles dans lesquelles son héros se retrouve plongé. À vrai dire, on peine encore à comprendre comment un truc pareil a pu se frayer un chemin jusque dans les salles françaises car, au mieux, ce sérieux prétendant au film le plus anecdotique de l'année ne méritait qu'une sortie dans l'anonymat le plus total sur Netflix.
On ne peut même pas crier à la purge de compétition car, paradoxalement, "Gringo" est loin de nous faire vivre le pire moment cinématographique de notre vie. Non, en réalité, cette énième comédie noire qui voit un cadre moyen monter une machination alors que lui-même se retrouve au milieu de combines impliquant des laboratoires pharmaceutiques et des cartels mexicains est juste parfaitement vaine de la première à la dernière minute. On ne saisit même pas où le film veut vraiment se positionner au final : en tant que comédie grinçante, il n'arrache que très rarement des sourires faute de réelle folie et, en tant que film d'arnaque, "Gringo" a ce don d'enchaîner les twists les plus fatigués possibles en les grillant toujours en amont par trop d'insinuations explicites au cours de scènes qui ont tendance à s'éterniser. En fait, il n'y a vraiment que les comédiens qui arrivent à rendre tout ça digérable mais, même là, pendant qu'une Charlize Theron vole la vedette à tout le monde en patronne odieuse, on se retrouve avec une Thandie Newton ou une Amanda Seyfried dont on peine à comprendre le choix d'interpréter des troisièmes couteaux aussi faméliques dans un film qui l'est tout autant.
On sort ainsi de "Gringo" avec cette impression très bizarre d'avoir complètement perdu notre temps sans arriver à trop lui en vouloir pour ça car on a vu bien pire. Peut-être la définition même du film inutile en somme...