Une galerie de portraits dans leur jus, sur fond de papiers peints modernes. En hommage à feu Paul_Labrador, puisque plus personne sur ce site ne nous parle de Maurice Cloche et consorts...
Il y a le monde d'en bas, la mine, où l'amitié virile permet de survivre, et le monde d'en haut, où les femmes vivent leur vie pendant ce temps là. Les deux ont beaucoup de mal à se comprendre. Lors d'un coup de grisou, Brasseur est blessé en sauvant son meilleur ami (Aimos). Pour le remercier, celui-ci charge sa femme de veiller sur lui pendant sa convalescence. Rien ne sera dit, mais tout sera foutu.
Madeleine Robinson a vingt-et-un ans et incarne un très joli personnage de coquette perdu dans cet univers de gueules noires. Bernard Blier en a 22 et mieux vaut ne pas l'avoir vu. Je ne sais pas qui incarne sa mère qui fume la pipe... Maurice de Canonge est tombé dans l'oubli, on voit bien pourquoi. Ca ne casse pas trois pattes à un canard, en matière de mise en scène ou d'interprétation, c'est même souvent pénible (mention spéciale à Pierre Brasseur qui en fait des caisses). Mais dans le triangle amoureux il y a trois côtés et si les masculins sont bien prévisibles, la Loute résiste, papillonnant pour ne pas pleurer, jusqu'au moment de partir.
Sorti en 1938, le film circulait encore sous l'Occupation. Le COIC, ancêtre du CNC, créé par le gouvernement de Vichy en août 1940 pour "organiser" la profession commence par créer une carte d'identité professionnelle, pour finir par interdire en décembre les professions cinématographiques aux Juifs. Pour les films déjà tournés, cela se traduit par des coupes quand il y a des acteurs juifs, ou quand il s'agit d' "invisibles" comme ici, par un générique amputé de la moitié de ses collaborateurs, à grand coups de barbouillages noirs. On nous présente ici les deux génériques. Ca fait froid dans le dos.