« La Chapelle Sixtine de la préhistoire »

C’est ainsi que cette grotte a été surnommée, après sa découverte par des spéléologues amateurs il y a 30 ans en Ardèche. Une merveille absolue de l’art pariétal, qui a été miraculeusement préservée grâce à un éboulement qui en a bloqué l’entrée. Cet ensemble du Paléolithique est si fragile qu’elle n’a jamais été ouverte au public et que les scientifiques ne peuvent y pénétrer qu’un mois par an, pas plus, pour ne pas modifier les conditions de conservation des fresques tracées probablement entre -40 000 et -35 000 ans : plusieurs centaines de représentations extraordinaires d’animaux (chevaux, rhinocéros, bisons, ours…) d’une qualité telle qu’une paléontologue raconte en avoir eu les larmes aux yeux quand elles les a vues pour la 1ère fois. Les scientifiques qui travaillent dessus sont unanimes : il s’agit véritablement d’art, une peinture pensée et qui montre le degré d’avancement intellectuel de ces populations. De nombreux objets ont aussi été retrouvés dans cette grotte ainsi que beaucoup de squelettes d’ours des cavernes. On peut s’interroger sur le sens de ces fresques, peut-être « un des 1ers mythes de l’humanité mis en images ». Il faut rappeler qu’il y a plus de temps entre les populations qui ont peint Chauvet et celles qui ont réalisé les fresques de Lascaux (autour de – 17 000) qu’entre ces dernières et nous !

Ce qui signifie une transmission de cet art sur des milliers d’années ainsi que de sa signification qui devait être évidente pour les populations de ces périodes : ces fresques avaient sans doute un sens sacré sans qu’on puisse être plus précis mais il nous échappe en grande partie aujourd’hui. Cette grotte était peut-être le lieu de grandes cérémonies où chants, danses et musique avaient leur place, la présence de grands feux à l’intérieur de la grotte semblerait le démontrer. Comme le dit la paléontologue : « On ne fait pas d’aussi grands brasiers uniquement pour s’éclairer ». Le moment passionnant est la reconstitution sonore de la grotte dans une salle de l’université de Stanford en Californie après des mesures très précises réalisées dans la grotte par des « archéoacousticiens » (j’ai découvert ce terme). Ils ont réussi à reconstituer l’empreinte sonore de Chauvet, ce qui peut permettre de mieux percevoir les grognements d’un ours des cavernes ou encore la façon dont les hommes se déplaçaient dans le site. Un documentaire très intéressant (1h28).