Essai mitigé sur la représentation de la guerre

J'avoue ne pas avoir bien cerné le sujet précis de ce documentaire traitant de la relation entre les conflits guerriers et leurs représentations en images, au cinéma, au cours de l'histoire. Ou peut-être que je m'attendais à quelque chose de différent, de plus conséquent et de mieux ciblé, en tout état de cause il en résulte fatalement une certaine déception.


"Guerra e pace" se présente sous la forme de 4 chapitres distincts, abordant 4 thèmes bien identifiés comme l'accès aux images à proprement parler (via le travail de restauration par exemple, en se basant sur l’invasion de la Libye par l’Italie en 1911, premier conflit à avoir été filmé), la question de l'image sur le champ de bataille (prendre son appareil photo ou son fusil grosso modo), ou encore l'archivage des données collectées. Il y a aussi une petite séquence consacrée à une unité de crise du ministère des affaires étrangères italien pour évacuer des ressortissants tout en montrant le pouvoir des informations au XXIe siècle, par opposition avec les débuts du cinéma. Une petite excursion côté français s'intéresse à la formation de militaires photographes (ils sont bien militaires avant d'être photographes), avec quelques extraits très succincts du contenu comme un formateur se servant du tableau de Vélasquez "La Reddition de Bréda" pour évoquer la représentation de la guerre au travers de ses symboles. C'est très parcellaire, très superficiel, et sans laisser le temps aux lieux de se gonfler de sens comme chez Wiseman par exemple.


L'esthétique du docu est soignée mais l'ensemble reste assez vide, pour quelque chose qui avance que le cinéma est un outil "tranchant et féroce". Le questionnement sur l'objectivité impossible des images, la nécessité de transmettre des informations, les dilemmes qui peuvent se poser dans la vie d'un militaire photographe, autant de sujets a priori intéressants mais au final très peu approfondis ici. Dommage que le travail de Massimo D'Anolfi et Martina Parenti s'égare souvent dans des impasses hors sujet, en faisant ce qui ressemble à du remplissage (filmer de longs entraînements par exemple paraît tout à fait inutile) dans un film pourtant long (plus de deux heures).


Il y a malgré tout quelques éléments épisodiques collector, à l’image du sergent instructeur qui traite ses élèves comme des demeurés et avec beaucoup de mépris et de bêtise.

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le 28 mars 2023

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Morrinson

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