Gentil film noir plutôt conventionnel, respectant les règles de convenance, ne causant guère d’émotions fortes au public, avec ses gangsters pas si méchants et cruels que ça et ses flics pas si corrompus, Guerre au crime vaut surtout pour le duel de titans qui s’annoncent ici : H. Bogart VS Edward G. Robinson, encore au début de leur carrière.
La magnifique scène du combat de boxe, où se nouent les enjeux de chaque personnage, vaut à elle seule le détour, non seulement en raison de son génial travelling mais aussi de son intelligente mise en scène (confrontation des pouvoirs et des virilités dans ce lieu du simulacre du combat où tous les bords se réunissent) – des choses qu’on ne fait plus trop aujourd’hui, hélas.
Par ailleurs, l’une des scènes d’introduction au cinéma où les personnages entendent parler d’eux-mêmes offre une mise en abîme assez jouissive.
Enfin, William Keighley s’amuse aussi avec ce regard caméra de Robinson, regard de connivence, lorsque l’on nous révèle ses véritables intentions.
Malgré quelques clichés du genre, certains dialogues parfois assez simplistes et une intrigue à certains endroits cousue de fil blanc, Bullets or Ballots reste un film réussi.