La neige commençant à fondre aussi vite qu'elle s'en est venue, quoi de mieux pour prolonger l'hiver naissant qu'un vrai film de saison dédié à la guerre de 1939-1940 opposant la Finlande à l'Union Soviétique sur le blanc manteau du champ de bataille.
Contrairement à Tali-Ihantala qui tentait d'évoquer de manière large une bataille, bondissant d'un groupe d'individus à un autre pour conter des faits d'armes, Talvisota choisit ici de s'intéresser de près au destin de deux frères issus de la campagne soudainement plongés dans le chaos de la guerre. Le propos est ici plus intimiste, plus posé, offrant une galerie de personnages très variés amenés à vivre dans une promiscuité très poussée durant de longs mois et liés par leur appartenance à une même unité. Le champ de bataille est ici recouvert de neige, parsemé de fortifications, battu par l'artillerie et l'aviation soviétique, ne pardonnant aucune erreur ou bravade. Il prélèvera un lourd tribut parmi les âmes errantes le parcourant.
Histoire de camaraderie, de doutes, de résistance avant tout. Comment des fermiers, des individus instruits ou frustres, ne partageant en commun que leur nationalité, se retrouvent soudain au fond d'un trou d'obus face à des hordes de soldats ennemis par une froide journée d'hiver dans des conditions extrêmes. A court de munitions, d'uniformes, de nourriture, à bout physiquement, ces hommes vont se battre pendant de longs mois durant, devant parfois subir les ordres ineptes du haut commandement coupé des réalités de la troupe.
Très apprécié sur le web, le film n'est néanmoins pas exempté de défauts. Que ce soit certaines cascades, personnages caricaturaux ou manques de moyens ponctuels, il règne sur l'ensemble un petit air de film fauché malgré les larges scènes offrant une pléthore de figurants.
Dépeignant la première des trois guerres que supportera la Finlande durant la seconde guerre mondiale, cet opus met l'accent sur le réalisme et les relations entre personnages, ne dédaignant pas à l'occasion offrir quelques moments de bravoure. Le pathos est parfois trop marqué ou malhabilement amené, mais dans l'ensemble on passe un bon moment. Assurément pas un grand film, mais méritant le coup d'œil.
Avec en toile de fond l'entêtante question relative à toutes les guerres : comment retourner à la vie civile, à sa famille, ses enfants, son travail, quand on a été mâché par le rouleau compresseur de la guerre et recraché en petits morceaux ?