Alors que bon nombre de films ont brillamment couvert le sujet du néonazisme ou de la montée de ce courant dans notre société contemporaine, Kriegerin s’attache ici à se pencher sur le cas des femmes dans ce milieu. Au sein d’une idéologie fortement misogyne, ces dernières doivent redoubler de violence pour s’imposer et se faire une place. Mais ce n’est pas tant cette haine ou cette violence exacerbée (pourtant ô combien réaliste) qui fait la force du film mais plutôt ce changement progressif qui s’opère chez la jeune femme, grâce au personnage secondaire d’un adolescent Afghan en fuite, qu’elle aide sans réellement savoir pourquoi. Dans un décor froid et en fond d’une Allemagne à l’économie souffrante depuis la réunification, ce dernier provoque un bouleversement dans sa vie. La symbolique de l’équilibre d’une vie perdue pour une vie sauvée est forte, les personnages sont hauts en couleurs mais le coup de grâce vient belle et bien de cette poésie, distillée avec parcimonie et qui, entre deux agressions verbales ou physiques, arrive parfois à percer les couleurs très froides du film, qui n’en est que plus beau.
Extrait de notre critique sur notre blog Los indiscretos :
https://losindiscretos.org/francais/guerriere-2011-david-wnendt