Autoportrait de l'ancien compagnon de Cindy Sherman, Paul Hasegawa-Overacker qui chiourne parce que lorsqu'elle était invitée à des réceptions pour manger à la table des vedettes après avoir reçu tel ou tel honneur, il était placé à une autre table, de préférence près des chiottes. Alors que, quand même, il avait participé au boulot. Mais, quand même aussi, il en profitait bien (il a pas maigri au cours des années).
Ils s'étaient rencontrés dans les années 90 grâce à une émission télé du sieur Paul dans laquelle il constatait l'état navrant de l'art contemporain ; une époque où, ce dernier étant en crise, il ne pouvait pas se priver de la publicité, même négative. Quand Paul a voulu créer une nouvelle émission alors que sa compagne surfait sur la bulle spéculative qui se répercutait favorablement sur les prix dudit art, il lui est devenu beaucoup plus difficile d'obtenir des audiences auprès des artistes qui préféraient passer leur temps en compagnie des riches et connus. Le « monde de l'art » pouvait désormais se passer de ses remarques sur la pertinence de l'œuvre de, par exemple, Tracey Emin (et sa collection de tampons usagés).
On apprend aussi que Cindy l'avait soutenu lorsqu'il avait sombré dans une dépression après s'être retrouvé à la rue et sur la paille à l'issue d'un procès perdu contre son propriétaire, comme quoi sympa la nana, même si sans talent.
On peut mettre au crédit du réalisateur son refus d'user du verbiage ésotérique intello-pédant dont ses confrères critiques abusent pour essayer de donner une valeur aux oeuvres et à leur activité, mais il est incapable d'insuffler la moindre profondeur à son film, travail un peu mesquin qui lui permet de profiter de sa proximité passée avec une businesswoman à succès.