⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.

Les amants criminels ont su très tôt fédérer tous les fantasmes cinématographiques : entre le glamour et la violence, contre une société qu’on traverse par une fuite en avant à l’issue incertaine, la dynamique est fertile. Peckinpah, déjà bien rodé dans sa vision sans concession d’une humanité violente et cynique, ne peut que s’intéresser à pareille thématique pour la contaminer de ses pensées noires.


Dès le départ, tout déraille, à l’image de ce générique mécanique qui ne cesse de se gripper, tout comme les demandes de libérations anticipée de McCoy. Et ce ne sont pas les retrouvailles avec sa dulcinée qui vont arranger les choses : sur ce terrain aussi, la gangrène s’est répandue, comme elle l’a fait sur le coup qu’on lui propose et la quasi-totalité des gens qu’ils vont croiser, qu’ils soient du côté de la loi ou des leurs supposés complices. C’est sur le terrain de la sexualité, ce langage des alcôves, que les dégâts semblent les plus grands : une incapacité honteuse pour le héros, écho évident à celle du mâle dans Bonnie & Clyde, et un stupre aussi débridé que cruel pour le couple improvisé dans le récit parallèle, en miroir inversé sous forme d’evil twin. Une héroïsation mesurée, donc, pour des héros en fuite, mais sans le panache de leurs ainés, et pour qui une des étapes se fera dans un camion poubelle.


Seule la violence et l’action redonnent ses lettres de noblesse à l’expédition. Armé d’un sens aigu de l’alchimie visuelle, Peckinpah ménage plusieurs séquences fantastiques, que la musique de Quincy Jones accompagne avec une évidence rare, à l’égal de l’osmose présente entre Morricone et & Leone. Vitesse, fusillades, admirable gestion de l’espace par une multiplication des prises de vues et du sens du détail confèrent une fluidité imparable aux braquages comme au règlement de compte.


Chez Peckinpah, l’image prend souvent le pas sur le reste : le montage alterné, abrupt, rend la narration acérée et ménage de longues scènes sans dialogue : les trognes hirsutes, comme pour Alfredo Garcia, se suffisent à elles-mêmes, et le road movie vers la frontière se dispense de grands discours : tout est affaire de dynamique. Par la gomme qu’on laisse sur le bitume, et le plomb dont on leste les traîtres.


Alors, peut-être, hors cadre, la paix sera envisageable.

Sergent_Pepper
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Gangster, Violence, Les meilleurs films de braquage de banque, Road Movie et Les meilleurs road movies

Créée

le 4 déc. 2016

Critique lue 1.2K fois

33 j'aime

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 1.2K fois

33

D'autres avis sur Guet-apens

Guet-apens
Docteur_Jivago
10

Punch it, Baby!

Quelle claque ! Je connais peu Sam Peckinpah, n'ayant vu que les deux excellents Croix de Fer et La Horde Sauvage, mais là je m'attendais pas à ça, pas à ce qu'il surpasse les deux précédemment cités...

le 20 juil. 2015

59 j'aime

21

Guet-apens
guyness
7

McQueen of the stone age

Parfois, le ciné, c'est quasi scientifique.  Mathématique, même.  Je prends un exemple:    Jim Thomson (auteur du livre) + Sam Peckinpah (réalisateur) + Steve McQueen (acteur) + Quincy Jones...

le 3 août 2012

47 j'aime

14

Guet-apens
B_Jérémy
9

Assurément amoral

Si l'âme n'était pas immortelle, la mort serait un guet-apens. Avec Guet-apens adapté librement du roman de Jim Thompson, Steve McQueen s'associe au cinéaste Sam Peckinpah pour livrer un thriller...

le 27 sept. 2019

43 j'aime

22

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

774 j'aime

107

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

715 j'aime

55

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

618 j'aime

53