Quelque chose me chiffonnait lorsque j'ai revu ce classique de Peckinpah la semaine passée sur Arte. Au tiers du film, alors que Mac Coy (Steve McQueen) et Carol (Ali MacGraw) venaient de prendre la poudre d'escampette au nez et la moustache de Rudy qui voulait leur faire la peau, je me mis à penser à ce titre, Guet-apens, persuadé qu'il s'agissait du titre original - et à me dire (c'est fou le nombre de choses totalement inutiles auxquelles je pense pendant un film) qu'il n'était pas particulièrement bien choisi.
Certes j'avais en tête le règlement de compte final dans l'hôtel où les attendaient toute une bande de tueurs mal intentionnés mais je trouvais que le film mettait en scène tout autre chose que ce banal thème de la souricière.
Car revoir ce film c'est d'abord vérifier que le scénario, loin de faire converger de façon linéaire ses personnages vers un point de fuite fatal que serait le guet-apens annoncé, emprunte plusieurs virages lors d'épreuves - le piège tendu par Banyon, celui par Rudy, le vol du sac, le camion poubelle... - qui sont autant d'occasions pour le couple d'éprouver leur amour. Loin d'être le récit d'une embuscade, le film de Peckinpah ressemble bien plus à celui d'une escapade, celle de deux amants, amoureux de la vie qui ne comptent pas en rester là.
L'intensité de la relation McQueen/MacGraw, leur complicité mais également leur sensualité est sans doute ce qui frappe le plus au visionnage de Guet-apens. Contrairement à leurs alter ego de cavale cinématographique, Bonnie and Clyde, ce couple dégage une telle confiance dans leur amour que rien ne semble pouvoir les arrêter et surtout pas un vulgaire traquenard. La scène de retrouvailles dans l'hôtel, alors qu'ils sont tous les deux assis sur le lit presque intimidés après une si longue séparation, et que leurs visages se reflètent dans le miroir est une des scènes les plus réussies du film tout en étant une des moins spectaculaires. McQueen avec ce mélange de fragilité et d'assurance y tient un des plus beaux rôles. Ali MacGraw, tout en sensualité semble irrésistible. Et de fait : au delà du film, une relation aussi passionnée que destructrice (Ali MacGraw est tout juste mariée à Bob Evans) nait sur le tournage : ce ne sont plus les deux personnages dont l'amour irradient dans l'histoire mais bien les acteurs/actrices dans la réalité de leur coup de foudre. S'il y a guet-apens, ce n'est pas tant dans le film que dans le réel quand on sait à quel point cette relation naissante leur sera finalement funeste.


*Après coup, je jette un œil sur la fiche wiki du film : Guet-apens, titre original ; The Getaway, adapté du roman éponyme de Jim Thompson, traduit par l’Echappée en français.
Coup d’œil sur un site de traduction :
The getaway, significations : l'escapade, l'évasion, éventuellement la fuite amoureuse.
CQFD


Personnages/interprétation : 10/10
Scénario/Histoire : 8/10
Réalisation/mise en scène : 8/10


8.5/10

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le 3 juil. 2018

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Theloma

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