Punch it, Baby!
Quelle claque ! Je connais peu Sam Peckinpah, n'ayant vu que les deux excellents Croix de Fer et La Horde Sauvage, mais là je m'attendais pas à ça, pas à ce qu'il surpasse les deux précédemment cités...
le 20 juil. 2015
59 j'aime
21
Quelque chose me chiffonnait lorsque j'ai revu ce classique de Peckinpah la semaine passée sur Arte. Au tiers du film, alors que Mac Coy (Steve McQueen) et Carol (Ali MacGraw) venaient de prendre la poudre d'escampette au nez et la moustache de Rudy qui voulait leur faire la peau, je me mis à penser à ce titre, Guet-apens, persuadé qu'il s'agissait du titre original - et à me dire (c'est fou le nombre de choses totalement inutiles auxquelles je pense pendant un film) qu'il n'était pas particulièrement bien choisi.
Certes j'avais en tête le règlement de compte final dans l'hôtel où les attendaient toute une bande de tueurs mal intentionnés mais je trouvais que le film mettait en scène tout autre chose que ce banal thème de la souricière.
Car revoir ce film c'est d'abord vérifier que le scénario, loin de faire converger de façon linéaire ses personnages vers un point de fuite fatal que serait le guet-apens annoncé, emprunte plusieurs virages lors d'épreuves - le piège tendu par Banyon, celui par Rudy, le vol du sac, le camion poubelle... - qui sont autant d'occasions pour le couple d'éprouver leur amour. Loin d'être le récit d'une embuscade, le film de Peckinpah ressemble bien plus à celui d'une escapade, celle de deux amants, amoureux de la vie qui ne comptent pas en rester là.
L'intensité de la relation McQueen/MacGraw, leur complicité mais également leur sensualité est sans doute ce qui frappe le plus au visionnage de Guet-apens. Contrairement à leurs alter ego de cavale cinématographique, Bonnie and Clyde, ce couple dégage une telle confiance dans leur amour que rien ne semble pouvoir les arrêter et surtout pas un vulgaire traquenard. La scène de retrouvailles dans l'hôtel, alors qu'ils sont tous les deux assis sur le lit presque intimidés après une si longue séparation, et que leurs visages se reflètent dans le miroir est une des scènes les plus réussies du film tout en étant une des moins spectaculaires. McQueen avec ce mélange de fragilité et d'assurance y tient un des plus beaux rôles. Ali MacGraw, tout en sensualité semble irrésistible. Et de fait : au delà du film, une relation aussi passionnée que destructrice (Ali MacGraw est tout juste mariée à Bob Evans) nait sur le tournage : ce ne sont plus les deux personnages dont l'amour irradient dans l'histoire mais bien les acteurs/actrices dans la réalité de leur coup de foudre. S'il y a guet-apens, ce n'est pas tant dans le film que dans le réel quand on sait à quel point cette relation naissante leur sera finalement funeste.
*Après coup, je jette un œil sur la fiche wiki du film : Guet-apens, titre original ; The Getaway, adapté du roman éponyme de Jim Thompson, traduit par l’Echappée en français.
Coup d’œil sur un site de traduction :
The getaway, significations : l'escapade, l'évasion, éventuellement la fuite amoureuse.
CQFD
Personnages/interprétation : 10/10
Scénario/Histoire : 8/10
Réalisation/mise en scène : 8/10
8.5/10
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films : mon top 100, Jeu d'échecs et cinéma, "Les emmerdes ça vole toujours en escadrille" (spoiler) et Mon top 1000
Créée
le 3 juil. 2018
Critique lue 657 fois
20 j'aime
11 commentaires
D'autres avis sur Guet-apens
Quelle claque ! Je connais peu Sam Peckinpah, n'ayant vu que les deux excellents Croix de Fer et La Horde Sauvage, mais là je m'attendais pas à ça, pas à ce qu'il surpasse les deux précédemment cités...
le 20 juil. 2015
59 j'aime
21
Parfois, le ciné, c'est quasi scientifique. Mathématique, même. Je prends un exemple: Jim Thomson (auteur du livre) + Sam Peckinpah (réalisateur) + Steve McQueen (acteur) + Quincy Jones...
Par
le 3 août 2012
47 j'aime
14
Si l'âme n'était pas immortelle, la mort serait un guet-apens. Avec Guet-apens adapté librement du roman de Jim Thompson, Steve McQueen s'associe au cinéaste Sam Peckinpah pour livrer un thriller...
le 27 sept. 2019
43 j'aime
22
Du même critique
Avec Us et après Get Out, Jordan Peele tire sa deuxième cartouche estampillée "film d'horreur". Sans vraiment réussir à faire mouche il livre un film esthétiquement réussi, intéressant sur le fond...
Par
le 21 mars 2019
108 j'aime
33
La quête du père qui s’est fait la malle est un thème classique de la littérature ou du cinéma. Clifford (Tommy Lee Jones) le père de Roy Mac Bride (Brad Pitt) n’a quant à lui pas lésiné sur la...
Par
le 18 sept. 2019
97 j'aime
55
Les films de série B présentent bien souvent le défaut de n'être que de pâles copies de prestigieux ainés - Alien en l’occurrence - sans réussir à sortir du canevas original et à en réinventer...
Par
le 21 avr. 2017
81 j'aime
17