Le fruit défendu
Je n'avais jamais entendu parler de Jean Grémillon, et c'est sans doute un tort, à la lumière de Gueule d'amour. Il filme Jean Gabin, héros national de la décade en question, d'une manière très...
Par
le 6 août 2018
9 j'aime
Voilà un film certes connu de l’œuvre de Grémillon mais curieusement moins apprécié que d’autres pourtant à mon avis inférieurs (Lumière d’été, Remorques, Le ciel est à vous…) C’est pourtant le film éponyme de Jean Gabin, en tout cas l’un de ceux qui contribua au mythe… du moins, si on ne voit que le premier quart d’heure où il parade triomphant dans sa tenue de spahi qui fait tomber toutes les femmes à ses pieds. Car la suite est d’un tout autre calibre : libéré de l’armée, il redevient un simple typographe qui se consume d’amour pour une garce rencontrée sous sa prestance passée et qui le conduira à la déchéance totale. Voilà une première analyse, du côté de la norme sexuelle, la seule dicible à cette époque. Si l’on sait lire entre les lignes (ou voir entre les images), en voici une autre : deux amis, unis par un amour ineffable, sont dans le même corps d’armée. L’un est « Gueule d’amour », chouchou des femmes, l’autre est un obscur. Libérés, le beau gosse devient un simple typographe alors qu’ « l’obscur » devient un riche médecin. Tous deux vont s’éprendre de la même femme qui les fera tourner pareillement en bourrique. À la fin, débarrassés enfin d’elle, ils pourront s’étreindre au départ d’un train pour l’Afrique que prendra seul « Gueule d’amour ». Mais on devine qu’ils se rejoindront sous le chaud soleil et couleront des jours heureux… Un Gabin surprenant donc, grand comédien parce que humble, qui passe en quatre-vingt-dix minutes du modèle de la virilité à cette épave qui pleure comme une fille dans les bras de son fidèle ami en le suppliant de l’aider. Le propos est tout sauf surprenant chez Grémillon qui, longtemps avant les premières recherches des Gender Studies, savait que les inscriptions ne sont pas exclusives et que l’homme est aussi une femme…
Créée
le 25 juil. 2015
Critique lue 474 fois
3 j'aime
D'autres avis sur Gueule d'amour
Je n'avais jamais entendu parler de Jean Grémillon, et c'est sans doute un tort, à la lumière de Gueule d'amour. Il filme Jean Gabin, héros national de la décade en question, d'une manière très...
Par
le 6 août 2018
9 j'aime
Gueule d'amour est non seulement un film de Jean Grémillon, mais aussi le surnom qu'aura Jean Gabin durant des années, car il fut souvent ramené à ce rôle durant sa jeunesse, et l'avant-guerre. Il...
Par
le 22 mars 2017
8 j'aime
Un étrange film que celui là, divisé en deux parties diamétralement opposées, remarquablement résumé sur l'affiche du film, qui montre les deux visages de Gabin. Toute la première moitié accumule un...
Par
le 10 juin 2019
5 j'aime
1
Du même critique
Premier film de James Gray, l'un des génies incontestables du cinéma actuel, où déjà l'essentiel est en place. Un scénario, d'une solidité qui force l'admiration, rapporte une histoire tragique...
Par
le 1 oct. 2010
20 j'aime
1
Une quadruple histoire dont on démêle peu à peu les intrications, qui constituent une espèce de fresque sur les difficultés des êtres humains à parler entre eux. Malheureusement, ce film rempli de...
Par
le 17 juil. 2013
18 j'aime
2
Attention, chef d’œuvre absolu. Chaplin s’attaque ici au mythe des mythes, l’arrivée des immigrants aux États-Unis (via Ellis Island) et la voie ouverte à tous les rêves… La traversée de l’Atlantique...
Par
le 10 juil. 2013
17 j'aime
3