Lorsqu'un film si atypique, si étrange vient troubler la torpeur un peu moite de la programmation estivale du cinéma, rien n'empêche de se réjouir et d'apprécier ! Et ici, il y a de quoi être on ne peut plus heureux. En narrant la descente dans la déparavation d'une jeune femme au foyer, et notamment sa rencontre avec une professeur d'université vénéneuse et débauchée dénote avec le paysage cinématographique de saison, mais plus encore avec le paysage cinématographique général. Avec un sens aigü de l'image et du récit, Sono Sion découpe son histoire avec la précision d'un chirurgien qui n'aurait pas peur de faire sale. C'est violent, fluo, électrisant, parfois dérangeant, voire écoeurant. On passe du mélodrame au Grand-Guignol en un fraction de seconde sans jamais que cela manque de sens. Belle maîtrise pour un film de femme, qui n'a rien de féministe, portrait au vitriol d'une société japonaise entre traditions archaïques et modernité, entre culture des racines et regard tourné vers l'Europe où la femme se retrouve sacrifiée, contrainte d'acquérir son pouvoir de domination sur l'homme par une violente émancipation des codes.
Ce passionant constat est pleinement mis en lumière dans le chapitre 1, le plus réussi des cinq. Les rituels de Izumi quand à son foyer et son couple, mutent progressivement à mesure qu'elle glisse dans la luxure et l'épanouissement sexuel. Elle devient meilleure épouse, prend en assurance, c'est l'ascension. Chacun de ses actes est magnifié par des plans étudiés au millimètres et un travail habile de la lumière. Izumi s'éclaire progressivement.
Les 4 chapitres qui suivront sont plus inégaux. Quelques longueurs sont à déplorer, le personnage de Mitsuko, l'universitaire souffre par moments d'un manque de clivage entre son allure d'ange du vice et ses démons intérieurs la conduisant peu à peu vers la folie. Mais il subsiste des scènes d'une fascinante étrangeté qui permettent au navire de rester largement à flot : le strip-tease de Mitsuko face à sa jeune "apprentie", un thé partagée avec la mère de la même Mitsuko où l'on s'échange les pires atrocités, un sourire aux lèvres ou encore quelques plans d'une société de prostituées baptisées "Les petites magiciennes".
Tout concorde à constituer une oeuvre à la dramaturgie parfois imprécise par excès de zèle mais à la mécanique tragique bien huilée. Qu'on se le dise, le spectacle n'est pas pour tous les yeux, rien ne nous sera épargné (sans pour autant, atteindre l'insupportable !) mais si la chaleur vous étouffe, venez faire bouillir plus encore vos sens face à ce film hautement inflammable.
Mr_Cooper
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le 26 juil. 2012

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le 26 juil. 2012

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