Trois frères se lancent dans une lutte pour la direction d'une triade taiwanaise. Après plusieurs coup fourrés et trahison, l'un d'eux (en fait un fils adoptif) va se réfugier à Hong-Kong.
Dit comme ça, le scénario à l'air plutôt simple. Oulala ! Détrompez-vous camarades ! C'est assez incompréhensible avec une narration qui file à 100 à l'heure durant les 30 minutes sans qu'on prenne le temps de nous présenter les personnages. Alors certes, on ne s'y ennuie pas mais on ne pige rien du tout. Ce qui est plutôt dommage car il y a un potentiel tragique qui avait un certain panache (genre un peu richard III pour l'ambiance quoi).
Donc ça se calme au bout d'une demi heure pour devenir beaucoup plus posé. A un point où on se demande si on a pas tout simplement changé de film. On bascule dans une comédie teenage où Andy Lau cabotine à outrance en chef d'un gang juvénile. Seul Alan Tang (également producteur) fait vaguement la transition entre les deux éléments avant que le dernier tiers n'essaye de raccrocher tant bien que mal les 2 wagons. Ce scénario de Wai Kai Fai (futur acolyte et co-réalisateur fréquent pour Johnnie To) donne l'impression de vouloir compiler deux films qui n'avaient rien à voir à la base, comme un bon vieux 2 en 1 de Godfrey Ho.
Un grand moment WTF d'autant que l'introduction du segment Andy Lau envoie du lourd sans la moindre explication avec deux copains qui se lancent un défi idiot dans un bus en feu, entouré d'explosions (?), qu'Andy Lau ne tardera à diriger vers un précipice (??). Et quelques minutes après notre beau gosse préféré avalera plusieurs dizaines de pilules de drogue, histoire de faire cabotiner encore plus. Assez surréaliste comme sa moto qui continue de rouler toute seule lors d'une séquence d'action plus tardive. Et le fugace trampoline couplé au lance roquette m'a carrément collé un fou-rire.
Ce n'est heureusement pas pour le scénario qu'on insère le DVD mais bien pour ce sacré Alan Tang à la production avec l'assurance d'une certaine générosité pour l'action, le tout sous la caméra fébrile d'un Clarence Ford à deux doigts du surmenage. Il en résulte une poignée de scènes d'actions totalement bordélique, pas toujours lisible, mais jouissive et survoltée avec des douzaine des figurants qui surgissent régulièrement par magie avant de se faire joyeusement dégommer par Alan Tang (qui se croit dans un casting de sosie de Chow Yun Fat). Le bougre saute, virevolte, bondit partout, en tournoyant de préférence avec un imper super classe. Je dois avouer qu'il en ressort un côté euphorisant tant la démesure est de rigueur. Et si le montage et la gestion de l'espace sont aléatoires, le dynamisme des chorégraphies, la caméra déjantée, les cascadeurs montés sur ressort et la composition virtuoses de certains plans hissent le film à un niveau largement recommandable pour ne pas dire dans les must du genre. Faut juste pas être allergique au sur découpage.
Le seul problème, c'est que les fusillades over the top disparaissent durant une bonne moitié du récit (celle d'Andy Lau kikoolol) qui repose avant tout sur 2-3 combats à mains nus assez sympa cela dit.
Les gunfights reviennent pour le final mais sans retrouver la folie du début.