Des choses à dire sur ce film :
Aaaah, ce logo Derek Savage productions avec explosion du monde en arrière-plan, y a pas à dire ça claque... Vous savez ce qui claque aussi ? Des crédits de générique qui apparaissent au son de bruit de coups de feu. Voilà. Au vu de l’entrée en matière de Gun Self-Defense for Women, on peut dire que Derek Savage, c’est un peu un gamin de douze ans qui fait sa première chanson et son premier clip de gangsta rap et qui, tout désireux de poser les couilles sur la table pour impressionner qui veut les voir qu’il est, se prend d’emblée les pieds dedans.
Ah il faut le voir notre Daddy Derek tomber la veste pour montrer les muscles et la toison pectorale qui dépasse du marcel, flinguer une cible à l’effigie d’Oussama Ben Laden (ou plus perturbant, le dessin d’un malfrat lambda qui ressemble étrangement à Jean-Pierre Pernault) en plein désert des Mojaves, voire flinguer le désert lui-même, faire tel un Ben Stiller sous amphet’ des démonstrations au couteau dans son salon... Parce que voilà, Derek Savage, devant l’objectif, n’a rien de Dwayne Johnson et Derek Savage, derrière la caméra, n’est pas Michael Bay. Derek Savage, c’est le vendeur de tupperwares au porte à porte dans toute sa splendeur agressive : confiant, souriant jusqu’au sang, et toujours prêt à vous proposer une bonne affaire.
Du haut de son premier flingue acquis à 10 ans et de sa petite carrière dans le commerce des armes, Derek Savage sait, comme il s’en vante, de quoi il parle. Derek Savage est surtout en décalage complet et c’est là tout l’intérêt de Gun Self-Defense for Women, posé comme un film pédagogique destiné, si ce n’est à apprendre aux femmes comment se défendre (il se fend quand-même de quelques mises en situation assez cocasses), au moins entamer les démarches soit en achetant une bombe lacrymogène rose, ou un fusil à pompe au prix imbattable de 219 dollars soit en prenant des cours d’auto-défense auprès d’un type qui semble avoir une pipe à crack personnalisée pour chaque jour de la semaine.
C’est naturellement putassier oui : sexisme latant, exploitation de drames personnels, revue de presse trash, philosophie « what is happening nowadays ? » et défense des salons de l’arme à feu aux airs de foire au gras en mode faut pas croire ce que disent les médias, ce sont des événements familiaux... mais voilà, c’est aussi surtout complètement inattendu. L’absence presque totale de compétences audio-visuelles couplée à un manque flagrant de recul joue beaucoup : sur le fond, Derek Savage pose des questions débiles et se montre très réceptif -« amen to that »- à chacune des banalités qu’il reçoit en retour et qui va naturellement dans son sens ; sur la forme, le mixage son est atroce et le montage coupe régulièrement la fin des phrases des intervenants.... Entre autres.
Les bouffées délirantes les plus caractéristiques de l’œuvre de Savage, à savoir les passages dédiés à l’autopromotion, sont aussi représentées dans Gun Self-Defense for Women mais de manière encore plus ahurissante qu’à l’accoutumée étant donné le thème du film. Derek Savage s’enthousiasme sur une belle journée ensoleillée mais tempère rapidement son ressenti : il a appris par voie de presse qu’un enfant s’était blessé avec une arme et ça, ça le rend trèèès trèèès triste d’autant qu’il y a des solutions... présentées dans le film Cool Cat saves the kids et dans le court métrage d’origine Cool Cat finds a gun du même Derek Savage. Inserts, pubs, tout y passe et régulièrement : comment différencie-t-on le bon grain lors des mises en situation qui permettent à Daddy Derek de se faire GI Joe en sa maison ? Facile, le copain qui fait une farce ou qui fait trop de bruits suspects en farfouillant dans la cuisine à minuit porte un T-shirt Cool Cat. Voilà, un T-shirt Cool Cat, on ne tire pas ! Pour les autres, dieu reconnaîtra les siens.
Au final, on a beau avoir déjà vu du Derek Savage, on reste toujours scié par une incompétence sauvage que l’amateurisme ne suffit pas à excuser et une naïveté à toute épreuve au service au mieux d’un étalage de bons sentiments hyper agressifs, au pire d’une idéologie douteuse. Hallucinant tout simplement.
Hum... ce film ne compte assez d'ingrédients pour jouer au bingo avec une grille de 36 cases, mais voilà quand-même les 16 ingrédients repérés
Bonus
Enfant qui joue mal
Personnage > Caractéristique
Ouh ! > Réactionnaire
Personnage > Citation
Questionne > « Y’a quelqu’un ? » – Rassure > « Vous vous débrouillez très bien. » – Réfrène > « Wo-wo-wo-wo-wo ! »
Personnage > Interprétation
En fait des caisses
Personnage > Méchant·e
Mégalo > Mwahahahaha ! (rire théâtral)
Réalisation
Habillage > Incrustation de texte sur l’écran : SMS, mail, scores de match etc. – Média > Point de situation par un reportage télé, radio ou presse écrite – Technique > Prises de vues multiples pour une même scène
Scénario > Contexte spatio-temporel
Séance d’entraînement au stand de tir
Scénario > Dialogue
À voix haute > Se parle – Acquiesce > « Amen » – Phrase sur la décadence de la société
Scénario > Élément
Merci, Captain Obvious !
Thème > Sexisme hostile à l’égard des femmes
Violence sexuelle > Enlace une femme pour lui apprendre à jouer au golf, au tennis, au billard ou à tirer à l’arc
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Barème de notation :
- 1. À gerber
- 2. Déplaisir extrême et très limite sur les idées véhiculées
- 3. On s'est fait grave chier
- 4. On s'est fait chier mais quelques petits trucs sympas par-ci par-là
- 5. Bof, bof ; pas la honte mais je ne le reverrais jamais ; y'a des bons trucs mais ça ne suffit pas
- 6. J'ai aimé des trucs mais ça reste inégal ; je pourrais le revoir en me forçant un peu
- 7. J'ai passé un bon moment ; je peux le revoir sans problème
- 8. J'ai beaucoup aimé ; je peux le revoir sans problème
- 9. Gros gros plaisir de ciné
- 10. Je ne m'en lasserais jamais