On peut toujours s’en moquer, de Guy. Parce qu’il avait pleuré quand la maîtresse avait lu la lettre. Parce qu’il veut galocher Ticky au milieu du lac.
Mais il s’en fout, Guy, il aime le cinéma, et il ne se fait pas des films, non, ce qu’il envisage pourrait devenir réalité. Malgré les potes, malgré la pression sociale.
Voilà un court métrage remarquable, entièrement tourné et réalisé dans le quartier de la Villeneuve à Grenoble, avec des jeunes du quartier, autour du lac, dans le parc, sur les bancs. Demis Herenger fait de la cité un lieu romantique.
Tout n’y est pas rose, on ne peut tout faire ou montrer, on a une réputation qu’il faut préserver. On voit bien le poids du rôle qu’on a à tenir, fille ou garçon, on voit que les ados ont des histoires d’amour, comme partout, mais qu’on les empêche un peu de les vivre, ou alors qu’il faut se cacher.
Les garçons, notamment, se doivent d’exhiber leur virilité, il ne peut être question d’amourettes. Les filles, quant à elles, ne sont pas aussi soumises qu’on pourrait l’imaginer, bien au contraire !
Dans ce cadre difficile, les deux amoureux manifestent d’abord leur liberté. Ils affrontent les regards et Guy se donne les moyens de rendre possible son rêve. L’amour est là, ce n’est plus du cinéma, et à la fin, les masques tombent. Les jeux de l’amour et du hasard, c’est fini, tout le monde est sur le cul. C’est sûr, Guy ne sera plus moqué.
Bref, voilà un film qui porte un autre regard sur la banlieue, qui n’est pas que violence, mais où les jeunes débordent aussi d’amour, bien qu’ils le cachent souvent très bien. Un regard tendre, qu'il est bon d'entendre !