Un OFNI, mais c’est pas la fin du monde !
Vu pour la deuxième fois. Un peu les mêmes sentiments que lors du premier visionnage, la surprise en moins. Toujours d’excellentes idées, mais aussi des éléments encore plus insupportables quand on les revoit. Bref, un film très inégal, et au final décevant. Précisons tout ça.
De prime abord, ce qu’on ne peut enlever au film, c’est son originalité : dès le générique, on se demande un peu quel film on va voir : c’est quoi cette histoire de dauphins, ces images d’un quelconque marineland, ces dauphins qui parlent, ça rime à quoi ? C’est quoi ce film déjanté ? Certains trouveront l’entrée en matière ridicule, ce qu’elle est, mais pour ma part, je la trouve au final surprenante et même sympathique (et merci pour les poissons !). Et c’est quand même agréable d’être surpris, voire perdu dès le début d’un film. On a parfois besoin de repères mais c’est quand même aussi très chouette de partir à l’aventure, et là, dès le début, on ne sait pas bien où on va même si le générique peut laisser craindre le pire. Dans Magnolia, il pleut des grenouilles. Ici, les dauphins s’envolent et nous quittent, avant la fin du monde !
Une voix off nous présente la situation et le héros, si l’on peut dire, un peu comme dans L’Ile aux fleurs, de manière pédagogique et à partir d’un point de vue extérieur à la Terre. On a d’emblée un ton décalé, différent de ce qu’on voit d’habitude, est c’est très plaisant. Et on est dans l’humour : de même qu’Arthur Dent avait le malheur d’avoir sa maison sur le tracé d’une bretelle d’autoroute, la Terre se trouve malencontreusement sur celui d’une voie hyperspatiale. Pas de bol, les extra-terrestres vont devoir faire sauter la planète. Ce qu’ils font très bien, par ailleurs. Moi, je trouve ça drôle. Nous ne sommes rien à l’échelle de l’univers, des fourmis, le film ne va pas chercher à sauver le monde, il le détruit au contraire dès le début ! Cool. Ca c’est la fin du monde.
Il y a dans H2G2 plein de détails sympas, et surtout les Vogons. J’adore les Vogons, ces bureaucrates extra-terrestres caractériels, psychorigides, au cœur de marbre et qui ne pensent jamais, qui n’ont pas une once d’imagination malgré leur propension à lire d’imbuvables poèmes de leur cru. Leur représentation dans le film est une véritable réussite, ils me font même un peu penser au travail de Daumier. Une excellente caricature du fonctionnaire zélé et d’une administration où il y a un formulaire pour tout. Et quand, pour le bonheur de la vice-présidente, il se trouve un Vogon pour prendre l’initiative de poursuivre les fuyards, pas de chance, c’est la pause déjeuner ! Non, vraiment, pour moi, les Vogons sont une véritable réussite, ils sont parfaits ! Et j’aime beaucoup ce type d’humour.
D’autres éléments du film constituent aussi des réussites : Marvin, le robot déprimé ; un président de la galaxie complètement barjot, les yeux de Zooey Deschanel, un gros plan sur la bouche du Vogon, les cobayes, le fusil à point de vue, les baffes sur la planète vogon. Bref, plein de ptits trucs sympas ou rigolos.
Mais tous ces éléments, même additionnés, ne peuvent suffire à faire un bon film. C’est bien d’avoir des idées, d’adopter un ton décalé, de réussir les décors, d’intégrer des « personnages » comme Marvin, mais pour faire un film un tant soi peu correct, il faut des acteurs convenables, et un scenario, et là, c’est un peu la déroute, de mon point de vue en tout cas.
Le jeu de Mos Def est pathétique ; Sam Rockwell en fait des tonnes, son personnages est absolument insupportable ; les autres ont un jeu assez plat, notamment Martin Freeman. Il est difficile de faire la part du jeu d’acteur du rôle défini par le réalisateur, mais j’ai trouvé les personnages bien peu convaincants, voire parfois pénibles à voir, surtout le président, même si je trouve excellente l’idée d’avoir mis ce type de personnages à la tête de l’univers. Même le robot déprimé est peu dans la nuance, de même que l’ordinateur de bord du vaisseau qui lui ne se départit jamais de sa bonne humeur (ce qui toutefois produit un effet comique dans les situations difficiles). Et la voix de Zooey Deschanel en VF est insupportable.
Au niveau du scenario, il n’y a pas d’unité d’ensemble, on a l’impression de suivre un collage de différentes scènes, rien n’est réellement approfondi, c’est superficiel. Le gag prime sur le reste. Le film part en couille par moments, le réalisateur a trop appuyé le ridicule des personnages, ça en devient lourd et on finit par ne plus se sentir concerné par le sort de ce groupe hétéroclite et peu crédible.
Bref, un film sympathique, qui fourmille d’idées intéressantes, mais qui se trouve au final être très inégal, du fait d’un scenario léger et d’une interprétation peu convaincante. Un film qui donne toutefois envie de se plonger dans l’œuvre de Douglas Adams.