Témoignage d'une nouvelle ère.

Michael Mann armé de sa caméra filme l'époque moderne, que dis-je, l'époque numérique. Ainsi que ses dangers, ses controverses et paradoxes.

C'est assez curieusement que le film démarre. Cette scène presque expérimentale, songeuse, alors que nous sommes au coeur d'un ordinateur, d'un circuit informatique. Les thèmes sont déjà posés à partir d'ici. Exit le thriller à l'ancienne, place aux nouveaux codes. Dans une époque où le pouvoir tient parfois à quelques touches de claviers, derrière cet écran qui paraît si sécurisant, prend place une intrigue finalement plus simple qu'elle ne le laisse croire.

Je suis bien désappointé concernant ce film, autant je lui reconnais une forme et un discours vraiment magnifique, autant son intrigue et son sujet me laisse de marbre. C'est d'autant plus étrange car c'est ce sujet et cette intrigue, qui servent la forme et le discours du réalisateur. Le scénario et les rebondissements font office de faire-valoir, du moins c'est le sentiment que l'on peut en retirer. Cependant on peut y voir aussi le reflet du réalisateur face à cette nouvelle époque, celle où les héros sont solitaires et bien souvent marginaux, pas seulement forts mais surtout futés.
Tout cela vient servir une mise en scène remarquable, notamment ces scènes de poursuites et de combats, ces scènes qui mettent en valeur l'homme dans un contexte où ce sont les machines et l’immatériel qui sont à l'origine des conflits. Que cela soit visuellement ou musicalement, le film est riche parce qu'il sait accorder ses axes ensemble.

C'est étrange comme sentiment, celui d'avoir eu la sensation de voir un film passionnant et passionné, mais sans en retirer aucune émotion, et même avoir éprouvé du désintérêt pour son intrigue. C'est peut-être là la force de Hacker finalement, cette frustration que l'on peut ressentir parfois face à l'informatique. Armé des meilleurs instruments, on peine pourtant à être pleinement satisfait.