John Waters, le type à qui on doit ces crasses filmiques que sont Pink flamingos et Female trouble, nous pond une comédie musicale mainstream, avec des stars comme Deborah Harry (wouh) ou Sonny Bono, et des habitués de son cinéma tels que Mink Stole et Divine, le travesti. C’est hallucinant, quoi. Comment il a fait pour faire accepter ça ? Les personnes à la production sont ses amis de New Line, mais quelle a dû être la réaction de l’opinion publique, face à ce film ayant un cœur de cible jeune ?
Waters, même en faisant un film plus grand public, trouve toujours le moyen d’être un peu à part, et s’intéresse une fois encore à ce qui est en marge. L’héroïne d’Hairspray sort de la norme en étant une jeune fille en surpoids. Son père tient une boutique de farces et attrapes où il vend notamment de fausses crottes de chien (rien que ça, pour quiconque a vu Pink flamingos, c’est comme un gag).
Waters n’hésite pas à traiter des sujets plus ou moins délicats mais qui font partie de la réalité concernant les ados et/ou l’époque où s’ancre le film, les 60’s : le racisme ; les looks ridicules dont le réal se moque un peu (les cheveux de Tracy qui bloquent la vue en classe) ; l’obsession maladive pour la beauté qui nous vaut des scènes où l’on pète un bouton, ou où une fille met des bas dans son soutif pour grossir ses seins. Un monde d’apparences et de faux-semblants sur lequel le réal jette un regard critique, mais non sans ironie : voir lorsqu’il montre les coulisses de l’émission de Corny Collins, où une femme tend des pancartes pour forcer les participants à sourire, à applaudir, etc.
On peut voir qu’avec Hairspray et Cry-baby sorti 2 ans plus tard, John Waters semble avoir un goût pour les modes et les danses rétros.
Le mauvais goût et Waters, ça ne fait qu’un, et il y a un certain mauvais goût kitsch lié aux 60’s dans Hairspray, ses modes grotesques et excessives, et au niveau de la réalisation, il y a de ces transitions à 2 francs qu’on n’oserait pas autoriser dans n’importe quel film récent.
Le père de l’héroïne, Tracy, porte une chemise semi-transparente par-dessus un marcel, on se demande ce que c’est que cette histoire.
Heureusement qu’il y a John Waters pour apporter sa patte et son délire à cette comédie musicale : le passage chez les beatniks, le caméo du réalisateur en psy malade qui a un gadget hypnotique (semblable à celui du docteur dans les Sims 2, ce taré là…) et un bâton avec lequel il électrocute les jeunes filles.
Car autrement, Hairspray ressemble à un divertissement pour jeunes filles. L’héroïne est on ne peut plus niaise et n’a aucune personnalité vraiment définie ; même pour sa copine c’est un peu mieux, elle sort du lot par un trait caractéristique que lui a trouvé Waters, le fait qu’elle ait toujours un bonbon de type "cherry sour" en bouche, semblant y être addict.
La moitié du film, on assiste simplement à ce que faisaient ou ce à quoi rêvaient les jeunes filles dans les 60’s : aller au beauty-shop avec leur maman, faire du shopping, devenir modèle et avoir les robes qu’on veut, gagner des concours de danse, …
Dans ces moments-là, il faut voir Hairspray comme un divertissement des plus simples, le scénario n’allant pas chercher bien loin de toute façon.
Les chansons sont bien sélectionnées, par contre Waters ne sait pas vraiment mettre en avant les chorégraphies. Les plans restent larges et peu nombreux, peut-être faut de moyens.
Niveau mise en scène il y a quand des idées de plans sympas : celui du reflet de la lune dans une flaque d’eau où marche un rat (rapport entre poésie et misère, pour une scène qui se situe dans un quartier pauvre de Baltimore), le plan à l’intérieur de la TV qu’embrasse Tracy.
Il y a de ces trucs ridicules qui ne seraient pas passés si on n’était pas dans un délire à la Waters. Le truc cartoonesque de la bombe dans la masse de cheveux de Deborah Harry, c’est tellement idiot…
Je me demande si dans un cas comme ça, je n’accepte pas simplement ce type de bêtise à cause de l’affection que j’ai pour Waters.
En tout cas, il apporte quelque chose à ce film qui fait que ce n’est pas une comédie musicale mielleuse (enfin, pas tout le temps, je veux dire).
Je vois pas quel autre réalisateur aurait osé faire qu’un des danseurs plonge sa main à l’intérieur de son pantalon en passant par la braguette lors de la danse nommée "the bugs", où l’on mime de se gratter à cause d’insectes sur le corps.
Hairspray est un film qui se regarde, voilà.
J’ai pas trop regretté l’absence de transsexuel exhibitionniste ou de type qui joue avec son cul.