Je le dis à chaque fois mais ça aide à commencer une critique de ce genre : un succès, de n’importe quel genre cinématographique qu’il soit, se voit aussitôt complété d’une suite par les producteurs. Et avec le succès de Halloween, la Nuit des Masques, aucune raison que cela soit évité ! Voici donc Halloween 2, sorti trois ans après l’original et qui en reprend le casting (Jamie Lee Curtis, Donald Pleasence…) mais également le tandem John Carpenter/Debrah Hill au scénario. Mais cela s’arrête là car la suite, en ayant un autre réalisateur en la présence de Rick Rosenthal (qui dirige ici son premier long-métrage), ne parviendra jamais à égaler le travail accompli par Carpenter.


Première erreur à mon sens : le fait que l’histoire du film soit un prolongement direct de celle du premier Halloween. Que l’action se déroule pendant la même nuit, reprenant juste au moment où le personnage de Laurie se fait emmener à l’hôpital après avoir fait face à Myers. Rien que ce détail scénaristique ruine toute l’iconisation du tueur effectuée précédemment. En effet, au lieu d’être le croquemitaine à l’état pur, le revoir aussi rapidement tuer des gens comme une machine sans âme lui fait perdre tout son aura, le réduisant à Jason Voorhees et consorts. Pour être plus précis, Myers devient avec cette suite un psychopathe de film d’horreur lambda, ni plus ni moins ! Et le script va jusqu’à lui donner des « raisons » à ses gestes en lui offrant une simili affaire de famille avec l’héroïne et des origines mystico-diaboliques. Non seulement cela n’apporte rien mais surtout cela casse l’image que l’on avait de Myers, à savoir un être imprévisible et terrifiant. Malheureusement, la baisse de qualité ne s’arrête pas là !


La mise en scène de Rick Rosenthal est en tout point inférieure à celle de John Carpenter, pour ne pas dire plate. Alors que ce dernier savait placer sa caméra et faire peur au bon moment, son remplaçant réalise son long-métrage comme n’importe quel amateur : filmer les scènes de manière basique sans le moindre effet de style et forçant l’effroi avec des jump scares pas vraiment efficaces (traduits par une musique soudaine, reprise bêtement du premier volet). Halloween, la Nuit des Masques réussissait à surprendre le spectateur, il se retrouve avec une suite prévisible au plus haut point qui ne fait qu’enchaîner les séquences de meurtres ponctuées d’un jeu du chat et de la souris pour le final. Même si les effets spéciaux sont d’assez bonne facture et les comédiens plutôt honorables pour ce genre de production, Halloween 2 fait descendre la franchise au rang de films d’horreur tout ce qu’il y a de plus banal.


Il suffit de voir le scénario pour s’en rendre compte. Sur le papier, cette suite possède la même structure que son aîné : ne pas avoir de personnages spécialement travaillés pour que le public puisse se reconnaître en eux et se préoccuper de leur sort, étant montrés comme des gens ordinaires. Pour le premier opus, cela permettait de se plonger inlassablement dans l’histoire. Mais ici, c’est tout le contraire, et ce à cause d’un simple détail d’écriture : le script propose bien trop de personnages. Tant de protagonistes, qu’ils soient anciens ou nouveaux, qui apparaissent/disparaissent sans crier gare de l’écran. Comment est-il possible de s’attacher à eux dans la mesure où vous ne vous rappelez pas de leur nom ou même de leur visage ? Difficile de s’apitoyer sur le cauchemar qu’ils vivent et donc de s’intéresser à une histoire bateau au possible. John Carpenter et Debrah Hill ont beau être les scénaristes de cette suite avec laquelle ils comptaient mettre fin à l’histoire Michael Myers/Laurie Strode, ils ont subi la pression des producteurs pour que leur script soit fin prêt pour le tournage. Un travail donc fait à la va-vite qui témoigne d’un sentiment de désintéressement total de ses géniteurs et qui ne cache nullement l’aspect commercial de ce projet.


Pour résumer, Halloween 2 est une sorte de copie du premier film, la mise en scène et le souci d’écriture en moins. De ce fait, nous obtenons un divertissement horrifique certes plaisant à regarder car sachant passer le temps grâce à ses quelques atouts techniques (dus à un budget plus conséquent), mais qui fait peine à voir quand on le compare à son prédécesseur. Mais bon, quand on voit la façon dont se termine cette suite, il n’y a aucune raison pour que les producteurs continuent d’user le filon jusqu’à la fin. Si ?

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