Le Mont Kagu rivalisait avec le Mont Miminashi pour l'amour du Mont Unebi. Il en est ainsi depuis le temps des dieux et aujourd'hui dans notre monde flottant, les hommes se battent pour des femmes.



C'est par cette parabole d'une ancienne légende que la réalisatrice japonaise illustre la tragédie amoureuse d'Hanezu, mot nippon remis au goût du jour pour désigner la couleur rouge, symbole de vie et de mort, mais un rouge fané qui nous renvoie peut-être aux teintures naturelles que Kayoko se plaît à utiliser.


De la Nature il en sera plus que jamais question car c'est elle qui tient le rôle principal, donnant le tempo à cette tragédie du triangle amoureux.
Kayoko, silhouette frêle d'adolescente inachevée, mène une vie paisible près d'un mari aimant, amoureuse toutefois d'un jeune sculpteur qui lui fait partager les plaisirs simples de la vie.


Pas de drame, de paroles ni de cris, tout est filmé avec douceur et une infinie délicatesse: oiseaux gazouillant dans un nid installé au plafond pour exprimer l'harmonie des deux amants, pluie battante, insectes grouillant et voix d'outre-tombe quand la douleur remplace le plaisir.
Histoire banale où vie, mort, passé, présent, joie, déchirure, émerveillement et peur se mêlent et se confondent au travers d'êtres qui font partie intégrante de cet univers naturel.


Et la caméra scrute le moindre détail, la moindre parcelle de vie qu'elle soit faune ou flore: une esthétique raffinée et poétique baignée de vert et de rose, tels, la forêt, les fleurs, ou encore les foulards que la jeune femme teint avec patience et délicatesse.


Alors certes il faut être d'humeur contemplative, voire mélancolique pour goûter ce film lent et empreint de cette poésie si particulière propre à la culture japonaise, où le temps s'écoule en prenant son temps, où présent et passé indissociablement liés, rythment l'éternel recommencement des êtres et des choses dans l'univers de la vie.

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le 28 févr. 2012

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Aurea

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