Hanna et ses mecs
Costa-Gavras est un réalisateur qui a des couilles. Après s'être attaqué à la dictature des Colonels en Grèce (Z), aux procès Staliniens (L'Aveu), à l'implication des USA dans l'établissement des...
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le 9 juin 2011
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(On me dit dans l'oreillette que ce n'est pas tout à fait exact...)
Costa-Gavras est encore une fois à l'aise dans son rôle d'ambassadeur de la diatribe historique, à destination cette fois-ci du conflit israélo-palestinien. Et comme d'habitude, derrière des discours / situations / postures assez éloignés de ce qu'on pourrait qualifier de subtil, une certaine vérité brute parvient à s'imposer, malgré tout.
Ce qui est étonnant ici, de la part du réalisateur, c'est que ce conflit étant naturellement politisé (et ça ne date pas d'hier) et connu de tous, il ne cherche pas à le traiter de manière frontale, comme à son habitude. Il n'est pas ici question de faire la lumière sur un pan méconnu de l'Histoire avec pertes et fracas, mais plutôt d'aborder une "petite" histoire dans la grande, et ainsi examiner cette dernière de façon détournée. La petite histoire, c'est celle de Hanna Kaufman (à ne pas confondre avec l'autre Anna K.), une émigrée Américaine en Israël, anciennement mariée à un Français, qui se retrouve contrainte dans sa profession d'avocate a défendre un Palestinien. "Hanna K." met l'accent sur les conflits qui jaillissent d'une histoire individuelle pour traiter d'un problème beaucoup plus large, comme toujours chez Costa-Gavras, à la différence notable qu'ici, il se concentre plus que d'habitude sur les sentiments et le destin particulier du personnage central.
Un traitement aux effets ambivalents, puisque d'un côté est décrite la relation complexe qui unit cette femme à son mari (Français), au père de l'enfant qu'elle porte (Israélien) et au condamné qu'elle doit défendre (Palestinien) : autant d'histoires plus ou moins extra-conjugales qui ne sont jamais condamnées sur le plan moral mais qui parasitent un peu le discours du film. Un peu comme les chemins d'un très vague thriller dans lesquels s'égare le film quand il souhaite instiller une part de doute quant aux réelles motivations du prisonnier et de ses revendications. Les opinions de Costa-Gavras sont cependant très claires, et ces zones d'ombre ne trompent personne. De nombreuses thématiques abordées et problématiques esquissées, mais aucune vraiment approfondie : même si cette approche semble tout à fait intentionnelle, elle contribue à entretenir des enjeux historiques et politiques aux contours un peu flous.
Mais de l'autre, il est difficile de ne pas voir les qualités humaines de ce "Hanna K." ou l'audace de la démarche, en particulier quand on le juge à l'aune des réactions engendrées, quand on constate à quel point la distribution a été entravée (euphémisme) à l'échelle de la planète. Des critiques très vives (et parfois compréhensibles, cf le discours un peu caricatural du président d'un lobby juif qui assume la nécessité de réprimer le droit d'autres peuples pour asseoir le droit du sien, même si on ne peut s'empêcher de penser qu'il relève d'une certaine réalité, hier comme aujourd'hui) et beaucoup de haine, alors que le film fait preuve d'une certaine tendresse lucide pour tous ses personnages, en insistant bien sur les raisons de l'attachement des uns et des autres à leurs pays respectifs — indépendamment de ce que l'on pourrait penser d'un tel attachement.
[Avis brut #43]
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le 2 févr. 2016
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