De facture classique, le film est essentiellement discursif et est à prendre d'abord comme une leçon d'histoire, un rappel d'une époque (les années 60) où la philosophe d'origine allemande Hannah Arendt était encore loin de recueillir tous les suffrages et les honneurs. Le film n'est réellement passionnant que dans sa seconde moitié, celle qui s'intéresse au combat solitaire de la penseuse lorsqu'elle s'applique à montrer la médiocrité et la normalité de Adolf Eichmann et à poser ainsi les fondements de son grand œuvre sur le mal et, plus précisément, sur sa banalité. Alourdi de digressions (l'attaque de son mari, les soirées entre amis), le film met en lumière une Hannah Arendt inébranlable et monolithique, sûre de son jugement, face à une opposition violente dont l'argumentation ne tient pas longtemps la route. La bonne idée est d'avoir incorporé les images d'archives du procès Eichmann à celles tournées par la réalisatrice, mais l'essentiel du film se passe à New York au domicile de la philosophe et à l'université où elle dispense ses cours. En clin d’œil, on aura noté que Hannah Arendt pensait au moins autant qu'elle fumait, y compris durant ses prestations flamboyantes et engagées devant ses élèves subjugués.