Hannah and Her Sisters est une comédie dramatique (penchant plutôt vers le drame) traitant d’une douzaine de personnages et leurs histoires, toutes connectées aux trois sœurs : Hannah (Mia Farrow), Lee (Barbara Hershey) et Holly (Dianne Wiest). Hannah est la préférée de tous, talentueuse et adorable, Lee n’est pas loin derrière tandis que Holly est un peu plus marginale avec son passé fait de drogue et ses incessants besoins d’aide financière. D’autres personnages se mêlent à tout cela, notamment Mickey (Woody Allen), l’ex-mari hypocondriaque d’Hannah, son mari actuel Elliot (Michael Caine), le compagnon de Lee (Max von Sydow) et l’amie d’April (Carrie Fisher).
Comme je l’ai dit plus haut, le film penche davantage vers le drame que la comédie. Si les passages humoristiques font systématiquement mouche, c’est bien le côté dramatique qui donne au film son éclat. L’amour secret d’Elliot pour Lee est traité de manière romantique mais son infidélité est toujours présentée comme répréhensible, nous permettant de ressentir sa culpabilité et ses tourments. Par ailleurs, Mickey est persuadé qu’il a une tumeur au cerveau, et lorsqu’il découvre que ça n’est finalement pas le cas il sombre dans la dépression en tentant de donner un sens à sa vie. Les autres histoires sont tout aussi dramatiques, mais éclairées par des étincelles comiques çà et là.
Le jeu d’acteurs est vraiment bon, tous jouant leur rôle avec talent, du premier rôle à la simple apparition. Les meilleures performances nous viennent de Woody Allen lui-même (probablement une de ses meilleures) et de Dianne West qui incarne la plus jeune des sœurs en manque de confiance. J’ai d’ailleurs trouvé leur arc narratif des plus intéressants. On pourrait mettre en avant tous les membres du casting, mais j’aurais une mention particulière pour Max von Sydow et Michael Caine qui décrochera d’ailleurs un Oscar, au même titre que Dianne West et que Woody Allen (mais pour le scénario en ce qui le concerne).
Au sujet de ce dernier, on peut dire qu’il a soigné sa réalisation, dans la même veine qu’Annie Hall et ses autres grands films. Les prises de vue sont excellentes, tout comme l’usage de la voix-off, ce qui est assez rare pour être souligné. Je garde en mémoire ce passage assez intense où les trois sœurs sont au restaurant et la caméra tourne sur elle-même, ne filmant pas toujours celle qui prend la parole. L’écriture, enfin, est d’une qualité indéniable et le scénario obtient un Oscar mérité.
En bref, un Woody Allen majeur et qu’on citera invariablement parmi ses meilleurs lorsque viendra le temps de faire le bilan de sa carrière.