Deux années après le remarquable Les Anges déchus, Wong Kar-wai écrit et réalise Happy Together, où il nous parle d'amour, de voyage, de vies à deux et tout ce que ces sensations provoquent.
Une fois l'oeuvre finie, on se rend compte que Wong Kar-wai a tout compris, ce qu'est le vrai amour, à la fois obsessionnel mais aussi épris de liberté et bien évidemment imprévisible. Il écrit Happy Together comme un cycle, où la relation qu'il met en scène se construit pour mieux se déconstruire, où l'inverse, et ne s'intéresse qu'à ça, où les sensations passent aussi par les regards ou gestes plutôt que les mots.
Ici, il n'alourdit jamais son oeuvre avec le sujet de l'homosexualité, mais le traite comme n'importe quelle autre relation, sans faire de différence, ce qui en fait sa force et un intérêt particulier pour les propos. Il y a une certaine justesse dans son film, notamment lorsqu'il aborde et fait vivre les sentiments, tout sonne vrai et on se retrouve plongé au cœur de cette aventure. Il y fait ressortir un aspect poétique, mais aussi mélancolique, malgré le fond parfois violent de cette relation un peu basée sur du Je t'aime, moi non plus.
Comme souvent dans son cinéma, l'aspect esthétique est en parfaite osmose avec le fond, ses cadrages sont souvent très justes et tout cela permet de mieux faire ressortir les sensations venant des protagonistes. Il capte aussi les villes qu'il met en scène, sachant en tirer une réelle substance, tout comme la fuite d'Hong-Kong devient un symbole lorsqu'on connaît l'histoire récente de son cinéma. Le fond sonore colle aussi parfaitement aux images, tandis que Tony Leung et Leslie Cheung sont parfaits, sachant retranscrire à merveille les sensations, parfois bien compliquées, de leurs personnages.
Wong Kar-wai met en scène avec Happy Together l'amour dans sa forme la plus vraie, avec mélancolie, intensité, parfois dureté mais toujours une certaine justesse, bien aidé aussi par deux remarquables comédiens.