Le nouvel opus de Miike après Treize Assassins et... d'autre trucs, un remake improbable du chef-d'œuvre de Masaki Kobayashi. Enfin improbable, sur le programme de l'Utopia ils introduisaient le film par: "Si vous connaissez le cinéma de Takashi Miike, oubliez tout ce que vous savez ou croyez savoir." C'est vrai que s'il avait déjà exploré le genre avec 13 Assassins, on a pas vraiment l'habitude de le voir dans un truc aussi figé que cet Ichimei (et qu'un de ses films sorte en salle, faut pas le louper quand ça arrive parce que c'est pas tout les quatre matins). Mais bon ça ne surprends même plus, il accepte tellement de trucs qui ne lui correspondent aucunement à première vue qu'on s'habitue à force; j'imagine volontiers que personne d'autre n'osait s'attaquer à l'œuvre originale (et au bouquin dont il est tiré bien entendu), donc que les studios ont choisi le touche-à-tout de service pour s'acquitter de la tâche.
Perso au moins en souvenir d'Audition, son chef d'œuvre, j'ai tendance à être très tolérant.
La vraie question en fait, c'est comment il a pu arriver à Cannes. C'est quand même bancal comme film. Les décors sont très soignés, la première demi-heure et les quinze dernières minutes sont vraiment réussies tant au niveau de la mise en scène que du scénario. C'est entre temps que j'ai eu du mal, le deuxième récit (après le récit impressionnant de l'intendant et sa conclusion funeste) peine carrément à avancer, préférant appuyer bien fort sur le misérabilisme des personnages pour justifier la scène finale. Et le fait que les clefs de l'intrigue sont dévoilées peu finement dans le premier quart d'heure rend la durée du deuxième récit encore moins utile.
Y'a plein de petits détails du genre qui tentent de s'écarter un peu du film original (tentative louable) mais qui se cassent la figure invariablement, c'est bien dommage.
Globalement c'est très bien mis en scène, sur ce point Miike s'en sort avec les honneurs et il y a de très belles images. Je n'ai pas eu la chance de profiter de la 3D mais à ce que j'ai pu voir à part faire capoter la profondeur de champ et nous montrer des flocons de neige en CGI comme s'ils étaient dans la salle, rien ne m'a vraiment semblé propice à payer cinq euros de plus...
Et au niveau des acteurs ça fait toujours plaisir de retrouver Kôji Yakusho (qui fait un Intendant impeccable), par contre j'ai eu un peu de mal avec Hanshiro (Ebizô Ichikawa). Il n'est pas mauvais pour jouer l'humilité et les rares scènes de combat, mais franchement les scènes d'émotion et de désespoir, quand il lève ses yeux de chien battu ça relève plutôt du comique involontaire...
Bref j'ai plutôt eu la désagréable impression de voir l'œuvre originale survolée et en couleur pour un remake visant à faire redécouvrir cette très belle histoire à un public qui n'irait pas chercher le Kobayashi... j'attends avec impatience la suite des aventures du Nippon qui filme plus vite que son ombre mais je vais peut-être éviter son Phoenix Wright en live. Je sais pas, une intuition...