Il y a évidemment du Fenêtre sur cour dans Harikomi. Des policiers font le guet devant une maison ordinaire de l'ile de Kyushu, dans l'espoir qu'un criminel en fuite reprenne contact avec son premier amour, aujourd'hui mariée et avec une vie bien rangée. La première partie du film est marquée par l'attente, qui en devient quasiment insupportable en plein été à la chaleur suffocante. De rares flashbacks, de rares épisodes viennent troubler cette lenteur qui installe le décor, présente les enjeux et nourrit les fantasmes des guetteurs comme des spectateurs, qui ont finalement le même rôle. La deuxième partie déroule enfin le scénario, presque trop rapidement. Les masques tombent, l'enquête se boucle, la morale est simple : il faut saisir les opportunités amoureuses lorsqu'elles se présentent, au risque de gâcher sa vie. Au terme de cette enquête et de cette course poursuite en forme d'introspection, on repart avec des sentiments mêlés, avec de l'espoir et une tristesse palpable, avec la sensation inconfortable de notre rôle de spectateur - avec aussi une impression de chaleur intense puisque tous les personnages ne font que transpirer pendant tout le film. Les acteurs et actrices sont d'ailleurs comme écrasés par cette chaleur et par le poids de la vie de leurs personnages, et on remarquera Seiji Miyaguchi, l'un des sept samouraïs les plus emblématiques.