L’intérêt que présente Harlequin tient à la caractérisation de son personnage principal, sorte d’artiste doté de pouvoirs de télékinésie dont les motivations s’avèrent on ne peut plus complexes : son axiologie nous échappe pendant une bonne partie du film, nous ne parvenons pas à identifier la relation qui l’unit à l’enfant ni à savoir si cette relation s’avère bénéfique ou nuisible. Grégory Wolfe agit tel un accélérateur de particules, il démasque les mystificateurs politiques alors même qu’il revêtait initialement l’allure d’un clown, il révèle les contradictions, éclaire les zones d’ombre, offre aux interdits et aux tabous des moyens de s’exprimer, aux pulsions refoulées des moyens d’être comblées. L’acteur qui l’interprète, Robert Powell, apporte beaucoup au mystère de cet être magique, capable d’apparaître et de disparaître d’un lieu parce qu’il est le roi de l’illusion ou parce qu’il dispose de dons.
Le film se construit ainsi autour d’un centre non pas vide mais incertain, en perpétuelle évolution, point d’interrogation qui permet au spectateur de projeter ses propres fantasmes. La réalisation de Simon Wincer se montre efficace et, même si elle ne témoigne pas d’une audace particulière ni de la vision d’un quelconque artiste, va à l’essentiel. On ne peut que s’en réjouir. Une curiosité à découvrir.