Parmi les films les moins connus du cinéma d'action hollywoodien des 90's figure cet Harley Davidson and the Marlboro Man. Réalisé par l'australien Simon Wincer (Mr Quigley l'australien, Sauvez Willy), cet actioner méconnu tendance buddy movie mettait en vedette le duo Mickey Rourke (alors en plein creux de la vague)/ Don Johnson dans des rôles de marginaux ultra-cools lancés sur la voie du crime pour la bonne cause. Dans une amérique post-moderne où le dieu dollar règne en maitre, le motard et le cowboy vont s'allier pour venir en aide à leur daron d'adoption et braquer un convoi de fonds pour sauver la bicoque de leur enfance. Le seul problème est que la banque qu'ils braquent n'a rien d'ordinaire et que le magot volé ressemble plus à de l'héroïne qu'à du pognon. Ajoutez à ça un quatuor de tueurs aux combinaisons blindées lancés à leur poursuite et l'assassinat de leurs amis, et vous aurez une vague idée du pétrin dans lequel les deux amis se sont fourrés.
Injustement méconnu, le film de Wincer mérite néanmoins le coup d'oeil pour ses quelques scènes d'action réussies (le braquage, le saut dans la piscine, la fusillade finale) et le capital sympathie de ses têtes d'affiche. Rourke et Johnson forment ici un excellent duo et s'envoient même quelques vannes mémorables au détour de dialogues amusants. Il suffit de voir la nullité de l'un à manier son flingue et le cynisme tranquille de l'autre pour apprécier la singularité du duo. A leurs côtés, on retrouve quelques têtes plus ou moins connues dont Tom Sizemore (l'odieux banquier trafiquant de came), Daniel Baldwin (son porte-flingue impassible), Chelsea Field (la fliquette à moto), Tia Carrere (l'assistante antipathique) et même le tout jeune Giancarlo Esposito, bien connu des fans de Breaking Bad et de Better Call Saul (ici dans un rôle de petit escroc à grande gueule).
Certes le scénario ne vole pas très haut, la réalisation n'a rien de transcendante et l'ensemble ressemble parfois à un actioner low cost et mou de la péloche, mais le film garde néanmoins ce charme relatif au début des 90's quand l'American Dream, cet idéal de liberté et d'errance hasardeuse, avait encore cours. Ce n'est pas un hasard (ou un simple placement produit) si les deux héros portent l'un et l'autre des noms de marques américaines pour patronymes et personnifient chacun un archétype yankee, ils sont les enfants d'une Amérique de légendes écrasée par la modernité. A la question "Qu'est-ce qui s'est passé ici ?" posée par Harley lorsqu'il voit les immeubles modernes cernant le quartier de son enfance, le cowboy se contentera de répondre "le futur...". Rythmé par le score de Basil Poledouris (Robocop, Conan) et une bande-son décapante (dont le célèbre Wanted dead or alive de Bon Jovi), ce sympathique actioner est aussi et surtout un éloge à une époque qui se regardait lentement disparaitre.