La vie d'un reporter de guerre pris dans le conflit de l'ex-Yougoslavie

Harrison's Flowers (Les fleurs de Harrison) est un film français réalisé par Élie Chouraqui.


Résumé


Harrison (David Srathairn) est grand reporter pour Newsweek. Sa carrière a été couronnée par le Pulitzer et il n’a plus rien à démontrer à personne. Nous sommes en 1991, au moment les débuts de ce que tout le monde, par manque d’information, considère comme un "conflit mineur", qui s’avérera être la pire guerre sur le sol européen depuis la 2ème guerre Mondiale entre la Yougoslavie et la Croatie. Bien qu’il ait plutôt envie de raccrocher et se consacrer à sa passion, les fleurs, qu'il fait pousser dans une serre de sa propriété (d’où le titre : « Les fleurs de Harrison »), Harrison accepte cependant d’aller faire un dernier reportage sur le terrain. Lorsqu’Harrison quitte les Etats-Unis, personne n’imagine la gravité ni le danger de ce conflit. Au moment de son départ, son fils, Cesar (Scott Michael Anton), qui a des relations conflictuelles avec son père, lui promet de « s’occuper de ses fleurs en son absence ».


Le drame éclate brusquement quand on apprend qu’Harrison est mort dans l’éboulement d’une maison dans la région de Vukovar. Quand Sarah, sa femme (Andie MacDowell), elle aussi journaliste, apprend la nouvelle, le monde s'écroule autour d’elle, mais elle refuse de croire au décès de son mari et, contre l’avis de tous, elle s’embarque à son tour pour la Yougoslavie.


A l’aéroport de Graz (en Autriche), un jeune homme yougoslave lui demande de la prendre avec elle. Il se propose de lui servir de guide jusqu'à Vukovar. Mais ils n'ont pas plus tôt passé la frontière qu'ils tombent dans l'horreur : le jeune homme est froidement abattu devant elle et, elle-même manque d'un cheveu d'être violée avant d'être abattue à son tour. Elle ne s’en sort que par miracle. Sous le choc, elle est recueillie par un groupe de reporters américains et européens, dont Kyle (Adrien Brody), qui connaissait très bien son mari. Malgré leurs réticences, ils acceptent de l’accompagner jusqu’à l’hôpital de Vukovar en état de siège. Ils traversent l’enfer, échappant mille fois à la mort, assistant à des massacres de civils, jusqu’à pénétrer dans Vukovar en état de siège au moment où la ville tombe entre les mains des Serbes et va être livrée au carnage. Sarah retrouve Harrison en vie, blessé mais surtout choqué psychologiquement, dans l’hôpital de Vukovar abandonné. Après plusieurs jours passés dans un abri, ils sont évacués par la Croix Rouge.


De retour aux Etats-Unis, guéri de ses blessures physiques, Harrison rentre chez lui. Dans une scène très émouvante, son fils Cesar le serre dans ses bras et lui dit qu’il s’est bien occupé de ses fleurs pendant son absence. Une nuit, Harrison sort de sa prostration et sa femme le trouve dans la serre : il a enfin retrouvé la parole et le sourire.


Mon jugement sur ce film


Un film délicat à juger car il traite d'un sujet difficile. Pour nous accompagner, de sacrés acteurs, à commencer par Andy MacDowell, resplendissante dans son rôle d'épouse obstinée, porte le film mais les seconds rôles, en particulier Adrien Brody (déjà admirable dans Le pianiste de Roman Polanski), Elias Koteas et les autres sont tous excellents. Ils nous entraînent à leur suite dans une horreur que nous ne souhaitons pas nous rappeler, tant l'attitude des gouvernants européens et internationaux a été d’une lâcheté abjecte alors que le conflit se passait à nos portes.


Il faut oser affronter ces images, se mettre à la place des reporters, l'œil rivé à la caméra, prenant des risques incroyables pour traverser ce conflit et témoigner auprès d'une opinion publique, peu ou mal informée.


Pour ma part, en voyant ce film, j'ai reçu une vraie claque. Plus qu'un film, c'est un documentaire, mais avec ce qui manque la plupart du temps au documentaire : les émotions, l'implication subjective... Un grand merci à Elie Chouraqui, merci d'avoir fait ce film... Harrison's Flowers a été présenté en avant-première mondiale au Prix Bayeux des Correspondants de guerre.

Créée

le 25 oct. 2018

Critique lue 273 fois

Roland Comte

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