J'ai toujours eu un sentiment très ambivalent à propos de ce cinquième volet des aventures potteriennes ; et ce, que ce soit en livre ou au cinéma. L'histoire est intéressante sous bien des aspects (on en apprend plus sur le passé de certains personnages, on découvre la résistance, le double visage du ministère, le lien particulier entre Voldemort et Harry, etc.) ; mais elle souffre de longueurs en fin de parcours (passages au ministère dans le livre) et d'un héros pénible au possible (dans le livre, Harry s'offusque d'un rien et saute à la gorge de tout le monde, ce qui le rend imbuvable).
Dans le film, toute la partie digne d'intérêt est plus ou moins bien adaptée (l'Ordre est grandiosement présenté avec ce survol de Londres en balai, l'arbre généalogique des Black est décrit, les souvenirs de Rogue sont en partie montrés et Fudge fait bien la sourde oreille), mais le reste pêche un peu. Dans le livre, Ombrage était un être si vicieux et si mesquin, qu'on avait envie de lui enfourner les mille et quelques pages au fond du gosier. Ici, même si elle est loin d'être une sainte, elle est rapidement ridicule, en plus d'inspirer la pitié (en tout cas, c'est le sentiment que j'ai à son égard). Harry n'est aucunement désagréable - et c'est tant mieux - mais il est assez fade à côté d'Ombrage, de Luna ou même des jumeaux Weasley. Le seul moment où il brille, c'est quand il ordonne à Dumbledore de le regarder (sur tout un film, c'est peu).
Pour ce qui est du rythme, par contre, rien à voir. On cavale du début à la fin en passant du coq à l'âne à la vitesse de la lumière. Tout est expédié et laisse le spectateur non averti sur le bas-côté. Arabella Figgs débaroule dans la vie de Harry sans jamais avoir été présentée avant et elle disparaît tout aussi rapidement sans que l'on ne connaisse réellement qui elle est et quel lien elle a avec Harry (hormis que c'est la voisine d'en face et que c'est une sorcière). Ombrage apparaît tout de suite comme étant mauvaise (ou, tout du moins, pénible) et ce, malgré sa petite taille et ses affreuses tenues rose. Des coupures de journaux s'intercalent entre les scènes et sont censées donner des informations sur ce qui se passe au ministère et impacte plus ou moins la vie de Harry et cie au château ; mais elles passent avec une telle rapidité qu'il est impossible de lire et, surtout, d'analyser ce qui en ressort. Et enfin, la prophétie est écourtée à son strict minimum et ce qui est extrait ne justifie pas du tout l'intérêt que Voldemort lui porte tout le long du film.
Entre autre chipotage, on pourrait ajouter le manichéisme de la bataille finale au ministère (les Mangemorts transplanent en noir, l'Ordre en blanc... on comprend que c'est pour rendre les affrontements plus lisibles au spectateur, mais dans le principe, c'est complètement idiot), ou encore la réutilisation des baguettes liées - mais entre Dumbledore et Voldemort - par pur esthétisme (dans HP4, si un lien magique se créer entre les baguettes de Harry et Voldemort, c'est parce qu'elles sont sœurs (plume du même phénix)).
Au-delà de ça, il y a de très belles scènes (notamment au ministère avec l'effondrement des étagères et l'échange de sortilèges entre Dumbledore et Voldemort) et la musique accompagne parfaitement cette ambiance singulière, mélange de noirceur et d'insolence.