J'ai attrapé le train Harry Potter avec du retard. Ainsi, ce quatrième film est le premier que j'aie vu sur grand écran et, à ce moment-là, je n'avais pas encore lu les romans. C'est d'ailleurs ce film qui m'a donné l'envie de lire les romans.
J'avais regardé les trois premiers film d'un œil amusé, bienveillant (un peu parce que je lorgnais du côté d'une demoiselle qui était fan du binoclard cicatricé). Du bon spectacle. Je n'avais pas encore compris tout ce que l'univers de J.K. Rowling recelait d'intelligence, de symbolisme. Cela aussi, je le dois à ce film.
Et pourtant, ça commençait mal. "réalisé par Mike Newell". Vue mon opinion sur le très surestimé Quatre Mariages et un enterrement, j'étais moyennement chaud pour voir celui-là.
Et mes craintes me sont vite parues fondées. Il suffit de voir la coiffure de Harry et Ron pour comprendre ma douleur. Mais, fort heureusement, Newell me capte vite dans une narration dense qui ne laisse aucun temps mort mais sait quand même prendre son temps pour nous faire savourer de fort beaux effets spéciaux. L'arrivée d'une calèche volante ou d'un bateau sous-marin constituent de magnifiques moments.
Et puis, il y a le casting. Le casting est, à mes yeux, le grand point fort des films Harry Potter. Aux professeurs habituels s'ajoutent ici l'inquiétant Fol-Oeil, génialement incarné par le très charismatique Brendan Gleeson. Face à eux, le génial Timothy Spall (que l'on voit trop peu) et l'arrivée finale d'un Ralph Fiennes dans LA scène centrale de toute la série.
Je crois que c'est ici qu'il faut que j’avoue ma profonde admiration pourle personnage de Rogue, le meilleur personnage de toute la série (aussi bien dans les livres que les films). Personnage ambigu comme je les adore, qui naviguera constamment dans les eaux troubles de l'entre-deux, et dont on ne saura jamais clairement le passé ni la situation présente. Rogue est sublimé par l'interprétation d'Alan Rickman, acteur époustouflant, doté d'un charisme extraordinaire et capable de tous les genres, depuis son rôle de méchant dans Piège de Cristal jusqu'à Love Actually (jetez un coup d’œil sur sa filmographie, c'est impressionnant).
Mike Newell parvient à maintenir le film dans un équilibre salutaire. Refusant de se consacrer exclusivement à la compétition des Trois-Sorciers, il réserve également des moments plus calmes, drôles (la scène du bal) ou émouvantes.
Cela ne l'empêche pas de nous donner une scène finale vraiment sombre. Et essentielle.
Après ce film, le monde de Harry Potter changera complètement. Il sera plus sombre, plus mature, plus complexe.
Ce film est la fin de l'enfance d'Harry.
C'est aussi la fin des films de qualité. Les derniers épisodes, réalisés par le tâcheron David Yates, seront de véritables massacres.