Haters est la nouvelle comédie française estampillée Amazon Prime avec Kev Adams en tête d'affiche. Le film de Stéphane Marelli nous embarque dans le monde merveilleux des haters à savoir celles et ceux qui postent régulièrement des commentaires violents, méchants et haineux sur internet et les réseaux sociaux . Le film visiblement inspiré par Kev Adams et écrit par Romuald Boulanger, responsable (pour ne pas dire coupable) du film Connectés s'appuie donc sur une idée qui à défaut d'être originale ( ma mémoire me fait défauts mais plusieurs films ont déjà exploités le sujet) reste assez pertinente et amusante.
Haters c'est donc l'histoire d'un jeune vidéaste populaire sur Youtube sous le pseudo de Thomas le Lama. Alors qu'il tente de marquer les esprits pour fêter le million d'abonnés le jeune homme est victime d'un énorme bad buzz avec sa nouvelle vidéo. Il décide alors avec son fidèle cameraman de partir à la rencontre des auteurs des commentaires les plus haineux et vindicatifs histoire de voir si ils sont en face à face aussi virulents que derrière l'anonymat de leur clavier.
Même si il ne partait pas sous les meilleures auspices, Haters s'appuyait sur un concept qui avait un formidable potentiel de comédie et de féroce étude sociologique tant de la superficialité de pseudos stars du net que de cette culture de la haine, du clash et de l'avis péremptoire érigée en mode de vie. Encore fallait il oser rentrer dans le lard du sujet et taper fort sans s'excuser d'avoir des choses à dire. Malheureusement Haters va prendre la forme d'une petite comédie bien gentille dans laquelle les rencontres successives serviront de prétexte à une suite de sketchs assez désespérants et un défilé de célébrités venus faire leur petit numéro. Même bien fatigué avec un petit coup dans le nez capable de me rendre hilarante la plus banale des histoires drôles je n'ai jamais ri une seule fois devant Haters qui n'est qu'une triste succession de moments gênants à peine articulés autour d'un scénario. Elie Semoun fait du Elie Semoun grimaçant, Franck Dubosc tente de nous faire rire en incarnant à schizophrène à multiples personnalités , Fred Testot joue le petit bourgeois qui profère des insanités en guise de compliments, Jean Claude Vandamme nous livre un bien triste numéro et ainsi de suite au fil d'un casting hétéroclite (Steh Gueko - Olivier Giroud - Nadia Farès - Sara Forestier - William Bladwin) qui tente désespérément de nous faire rire avec des situations prévisibles et déjà vus. Le pseudo de gentille princesse qui cache un gros dur, les gitans qui sont douze dans une minuscule caravane ou le hater célibataire et dépressif on est quand même assez loin de tutoyer les sommets de l'originalité. Dans tout ce marasme ambiant seul le comédien Estéban en caméraman dévoué et un peu con parviendra à nous arracher quelques sourires polis.
Et puis surtout malgré son sujet en or Haters ne raconte strictement rien et n'ose prendre aucuns risques. Tout le monde il est pas très beau mais tout le monde il est pas vraiment méchant non plus , voilà plus ou moins ce qui ressort de Haters qui restera bien gentil envers les vidéastes qui prennent le melon au point de ne plus supporter la critique comme envers celles et ceux qui sous couvert d'anonymat passent une bonne partie de leur journée à déverser leur haine de tout peu importe les circonstances et le sujet. Haters est bien trop gentil et bien trop caricaturale pour être percutant, comme si le film n'avait finalement voulu prendre aucun parti, ménager la chèvre et le chou pour aboutir à une morale un peu bateau de comédie romantique sur la vraie vie qui ne s'écrit pas sur internet mais dans les bras et l'amour de ses proches.
En attendant que Kev Adams, Romuald Boulanger ou Stéphane Marelli ne viennent sonner à ma porte pour me dire que ma critique est le reflet d'un frustré haineux, je réaffirme sans crainte que Haters est une comédie poussive et ratée. Après si dire du mal suffit à faire débarquer une star à votre porte, je m'en vais illico pourrir d'insultes Emma Stone ou Emilia Clarke