Sans grande surprise, "Haut les mains" appartenant à la première partie de la carrière de Jerzy Skolimowski très axée sur des films d'auteur, il arbore un hermétisme volontaire qui ne me plaît pas beaucoup, allié à un style encore un peu trop mal dégrossi. Pourtant il réalisera "Deep End" 3 ans plus tard, qui est d'un point de vue purement technique mieux structuré il me semble (mais il doit également y avoir une question de budget, à n'en pas douter). Ce film de la fin des années 60 est intéressant de par son contexte, étant donné que Skolimowski a été censuré là-dessus pendant 14 ans et que le film ne put sortir que 14 ans plus tard en 1981 — dans une version différente, avec notamment un prologue de 20 minutes en couleur, pour expliciter en quelque sorte les raisons d'une telle sortie décalée : cette introduction comprend des passages fictionnels à consonance apocalyptique et des images de Beyrouth ruinée par la guerre civile dans les années 1970 (Skolimowski y travaillait en tant qu'acteur).
C'est un film éminemment métaphorique, et en général, je n'apprécie pas cet exercice de style. Mais il faut savoir ne pas se brosser dans le sens du poil, régulièrement... En tous cas, ces cinq étudiants en médecine qui se retrouvent après une fête dans un wagon de marchandise forment un symbole dont beaucoup d'aspects m'échappent, clairement. À commencer par le statut de médecin, pour illustrer le fait de soigner le corps mais pas l'esprit, dans un contexte de perte d'idéaux notable à l'époque. On évoque le passé commun, gouverné par le stalinisme en Pologne — le thème grave n'empêche pas des embardées comiques et surréalistes, à l'image de cette scène de collage d'affiches qui voit un immense portrait de Staline avec une double paire d'yeux, effet plutôt réussi. La présence de Skolimowski himself laisse penser qu'il s'agit d'une œuvre à caractère au moins semi-autobiographique, Andrzej Leszczyc serait son alter ego, mais manifestement il y a trop de choses qui m'échappent pour que l'ensemble soit à la fois cohérent, intelligible et plaisant à suivre. Dénonciation du conformisme et de la lâcheté, certes, le goût du confort aussi, mais la structure de presque huis clos est un peu lourde à digérer.
Reste quelques très beaux plans : celui où les personnages sont entourés de milliers de bougies est exemplaire.