Comme sur une scène de théâtre, chaque personnage apparaît à tour de rôle, entre par une porte et vient investir l’espace, un appartement parisien, la nuit, en haut d’une tour. Il y a une femme et quatre hommes qui semblent vaguement se connaître, et tous ont été la «victime» d’un homme avec qui ils ont eu une relation, un homme pervers, arrogant et manipulateur. Cet homme qu’ils ont enfermé dans la chambre, cet homme auquel ils se confrontent une dernière fois, à tour de rôle, dans cette chambre, en secret. Cet homme que l’on ne verra jamais, mais qui cristallise tous les enjeux et toutes les tensions qui ne manqueront pas de se révéler lors de cette longue nuit aux airs de règlement de comptes…
Olivier Ducastel et Jacques Martineau se sont amusés à bricoler, en quelques jours, un film-concept où se rencontreraient les fantômes de Lagarce et Fassbinder (références revendiquées par les deux réalisateurs) autour d’une valse de désirs mis à nu, de fantasmes que l’on avoue entre le fromage et le dessert, et de rancœurs que l’on n’arrive décidément pas à oublier, jusqu’à envisager l’inconcevable (l’homme est-il séquestré, est-il violenté, va-t-il même être assassiné ?). Le caractère volontairement artificiel du dispositif, souligné par un éclairage pop aux reflets violet, séduit au début par son étrangeté esthétique et son intrigue intrigante conçue comme une sorte de Cluedo amoureux.
Mais la suite vient rapidement calmer nos ardeurs, réduisant Haut perchés à ce qu’il est vraiment : un exercice de style assez vain qui n’arrive jamais à provoquer une intensité dans les situations (malgré la bonne volonté des acteurs), une escalade dans les sentiments ou un vertige dans les mots (quelle ironie alors, quel terrible constat de vouloir tutoyer Lagarce pour finalement en arriver à des dialogues insipides, rarement piquants). Tout reste plat, à la limite de ses possibilités, et la singularité du film tourne à vide en moins de deux, n’est qu’un pis-aller dissimulant à peine un scénario qui explore peu (mal) les atermoiements de ces hommes et de cette femme qui, avant de souffrir de la perfidie d’un autre, souffrent d’abord de leurs névroses et de leurs contradictions.
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