Départementale de la mort!
J'aime mon pays et j'aime les films d'horreur mais c'est pas qqch de compatible malheureusement. Je me le suis prouvé une nouvelle fois avec ce film qu'on met pourtant dans le haut du panier de la "nouvelle nouvelle vague" française (en tout cas ce film à des fans).
Fiston Arcady mate 50 fois Massacre à la tronçonneuse et se dit qu'il peut faire la même chose avec du pognon et des relations. Il propose son projet à une boîte qu'il ne connaissait pas, Alexandre Films : celle qui produit les films de son père et de sa belle-mère comme par hasard. Je me demande qui dirige cette boîte! Puis Alexandre Films s'associe avec EuropaCorp de Luc Besson pour une coproduction (tiens l'ex de Besson est actrice...)
J'avoue qu'avec cette genèse j'avais un gros à priori contre les "fils de", les Arcady, les navets d'EuropaCorp, ... mais j'ai quand même essayé.
Déjà ça commence mal avec une scène d'ouverture dite du "putain c'était qu'un cauchemar!" technique narrative audacieuse et jamais usée jusqu'à la corde auparavant. Puis on a droit à de longues scènes d'exposition entre 2 "étudiantes" (De France et Le Besco) qui durent et ne permettent pas la moindre identification ou le moindre attachement (à moins que l'on soit sexuellement attiré par l'une ou l'autre actrice). Ce sont juste des étudiantes fêtardes qui vont réviser dans un trou perdu. Le réalisateur se permet encore une scène de suspense à 2 sous : une blague débile que fait une fille à l'autre. Puis on a droit à d'autres clichés du film d'horreur de 3ème catégorie comme le gamin énervant, le trou paumé de campagne (ici tourné en Roumanie), et le psychopathe visible à 10 km à la ronde.
Ce psychopathe, jusqu'à la fin à laquelle je reviendrai, est ridicule dans le genre : "caricature de prolo de campagne selon les bobos" : c'est un travailleur manuel, sale, gros, vulgaire, pervers, portant des bagouzes en or, qui écoute du Didier Barbelivien dans sa camionnette (ce passage était l'un des plus insoutenables), ... Ne manquait plus que le collant électoral "Votez Lepen!" Heureusement que la tronche charismatique de Nahon était là pour en faire un tueur acceptable.
Après une demi-heure, le spectateur peut se réveiller avec une masturbation de Cécile de France en écoutant de la musique puis le massacre de la famille. Le meurtre du père, décapité par une armoire poussée à 2 km/h, est assez ridicule. Il faut aussi reconnaître le (cruel manque de) courage du réalisateur qui ne fait que suggérer le meurtre du gamin chiant. Mais les effets gore par Giannetti De Rossi (maquilleur pour Leone, Fellini, Bertolucci... et responsable des effets spéciaux des films d'horreur de Fulci) sont assez efficaces. C'est l'un des rares points positifs du film.
Ensuite on a droit à une interminable scène de traque dans une station-service. Puis viennent plusieurs morceaux de bravoure qui font sombrer définitivement le film dans le nanar :
- une course-poursuite en voiture rythmée par une chanson de Muse(!)
- un twist final grotesque sur lequel je reviendrais dans la section [SPOILER]
- un (soyons pudiques) grotesque plagiat d'une scène de Massacre à la tronçonneuse avec arrivée impromptue d'une voiture du 75.
La réalisation d'Aja est correcte à l'exception de plusieurs effets de style ratés. En faisant fi des problèmes du scénario on aurait une série B acceptable. Les actrices font trop "Marilyn Burns de Prisunic" pour paraître convaincantes (quoi qu'elles aient sûrement faits là leurs meilleurs performances). La BO est discrète et oubliable, et les morceaux choisis ne collent pas au film (surtout New Born de Muse).
En exclusivité le synopsis du film à la lumière du twist final :
[SPOILER] [SPOILER] [SPOILER]
Alex et Marie sont 2 copines qui vont réviser dans la maison de la première, un vrai trou perdu. Marie a des cheveux courts, donc est une lesbienne CQFD. Elle est amoureuse d'Alex mais n'ose lui en parler. Elle préfère fantasmer être un gros beauf tueur en série qui se fait sucer par une tête de femme (peut-être est-ce arrivé). Elle est surtout vénère car sa copine l'a laissé tomber la nuit dernière pour tirer un coup avec un mec.
Le plan de Marie est simple :
- rouler en compagnie de sa future victime alors qu'il n'y a ni témoin ni téléphone,
- aller jusqu'à la maison de celle-ci,
- descendre en douce chercher sa camionnette en mauvais état (D’où vient la camionnette puisqu'elle connaît pas la région? Je t'en pose des questions moi!)
- massacrer la famille d'Alex de manière brutale et gratuite
- réussir à enchainer et enlever Alex dans la camionnette (sachant que les 2 jeunes femmes ont la même condition physique)
- fantasmer que l'on va sauver sa victime du gros beauf sucé par une tête de femme
- donner à sa victime enchaînée un gros couteau de cuisine
- tuer de manière gratuite un pompiste
- faire une course-poursuite avec le gros beauf !! (Ou alors juste le fantasmer)
- Vaincre le gros beauf au prix de nombreuses blessures! (Elle s'est infligée elle-même ses blessures?)
- Détacher Alex en espérant que celle-ci va être contente d'être sauvée!
Selon vous, qui est le plus taré : le personnage de Marie ou les scénaristes?