He Got Game, c'est avant tout l'histoire de ceux qu'on appelle des "prospects" NBA. Ces jeunes lycéens ont un talent, celui d'être d'excellents joueurs de basketball et d'avoir la chance de pouvoir entrer dans la grande ligue.
Souvent d'origines modestes, ils n'ont pour eux que leurs qualités athlétiques pour sortir de la misère quotidienne, et attendent avec impatience de pouvoir saisir leur chance. Il faut savoir qu'un joueur NBA moyen gagne entre 1 et 5 millions de dollars par an, et une superstar environ 20 millions par an (encore plus maintenant que le Salary Cap a augmenté). Lorsque vous êtes un futur multi-millionaire, vous avez soudain beaucoup d'amis.
C'est le cas de Jesus Shuttleworth. Annoncé comme la future superstar des superstars, on lui rappelle tous les jours qu'il doit prendre "la décision la plus importante de [sa] vie" à la sortie du lycée où il doit choisir s'il se présente directement en NBA ou s'il passe par la NCAA (cursus universitaire) et si oui, pour quelle université il jouera. Jesus est victime de pressions de toute part par son entourage. Sa soeur et son cousin mis à part, chacun autour de lui tente de l'influencer pour obtenir une part du (futur) gâteau. A 17 ans, Jesus subit l'enfer d'une richesse qu'il ne connait pas encore.
C'est dans ce contexte que son père Jake sort de prison pour une semaine seulement. Aux USA, la NBA est très populaire, mais la NCAA l'est encore plus. Le gouverneur lui-même n'hésite pas à faire un marché avec un criminel pour que le meilleur espoir du pays choisisse son université favorite. Jake doit donc convaincre son fils d'aller à Big State alors que ce dernier le hait au plus haut point puisqu'il a tué sa femme et donc la mère de Jesus. La relation est plus que tendue entre les deux hommes et si on apprend au cours du film les circonstances de la mort de la mère, on comprend davantage encore la relation père-fils.
En effet, souvent chez les sportifs de haut niveau, on jette les futurs prodiges dans le bain lorsqu'ils sont petits, et c'est généralement Papa qui rêve d'un fils superstar qui met la pression derrière. On voit au cours des flashbacks un père qui pousse son fils alors tout jeune dans ses derniers retranchements sous prétexte de le faire progresser. De fait, de retour dans le présent, on comprend la rancoeur du fils vis à vis de son père pour sa dureté excessive des années auparavant. Dans le même temps, Jesus sait qu'il s'agit pour sa mère d'un homicide involontaire, mais aussi que sans cette dureté lorsqu'il était jeune, il n'aurait pas un tel niveau de jeu. Cette relation ambivalente entre une haine palpable et un sentiment de dette envers son père chez le jeune Jesus nous est très bien retranscrite par Spike Lee.
Toutefois des détails me chafouinent et m'empêchent de monter la note. Denzel Washington est impeccable, mais c'est bien le seul. Ray Allen, à l'époque jeune joueur NBA, est depuis devenu une légende du basket avec le record de 3pts en carrière, série en cours (edit: il est désomais retraité des parquets), mais il ne gagnera jamais d'oscar. Ce n'est pas un comédien et ça se voit. Pourtant sa performance est honorable tant les autres sont à côté de la plaque. Par ailleurs, les changements de plans brutaux en zoom soudain sur le visage ou une partie du visage des protagonistes sont malvenus et énervants, tout comme le fond musical permanent qui donne un côté bruyant au film, surtout pendant les dialogues.
A noter tout de même dans les bons points, en plus d'une histoire bien racontée et réaliste de ce qui peut être vécu par une future star NBA, la musique de Public Enemy qui s'accorde parfaitement, et les caméos des stars NBA ou NCAA qui donnent le sourire.