(...) He Took his skin off for me de Ben Aston est un film brillamment écrit, mis en scène et monté, qui contient une double lecture narrative inversé transformant la métaphore visuelle pas franchement subtil, en un véritable questionnement sur la condition du couple : l’abandon de soi pour l’autre, la réalité du quotidien, les attentes, les sacrifices, les déceptions… Dés les premiers plans du film, par une suite de gros plans, l’homme enlève sa peau, tel un costume qu’il range dans sa penderie, s’abandonnant ainsi entièrement à sa compagne : répugnant, dégoulinant, suintant, les nerfs à vifs, il s’assoit à table et mange, comme si de rien n’était, à nu. Le maquillage est d’ailleurs toujours crédible et renforce le dégoût provoqué par cette vision cauchemardesque d’un être sans peau. Mais, passé ce choc visuel de la première vue de l’homme dépecé, on s’habitue à la vision de ses muscles et de ses tendons dégoulinants, et on finit par être émerveillé lorsqu’ils sont au lit, et que sa femme est en admiration devant lui. Alors que nous apprenons à l’aimer, autour de lui, tout s’effondre, de ses relations de travail à ses amis. Abandonné petit à petit, il plonge dans l’horreur d’une nouvelle solitude du à l’incompréhension de son geste par le plus grand nombre et finit par questionner son engagement, à l’image d’une maison qui peu à peu devient une véritable scène de meurtre, entachée de sang du sol au plafond. Ce film est une réussite dans lequel rien n’est en trop et tout sert le propos et la narration.
Lire la critique sur mon site...