Heat
7.8
Heat

Film de Michael Mann (1995)

Coup de maître pour Michael Mann qui nous livre ici sa masterpiece. L'action et l'intrigue sont menées tambour battant, sans surenchère d'artifices, toujours avec un méticuleux souci du détail et une tension permanente. Jamais le réalisateur n'oublie les enjeux principaux de ses protagonistes, chaque élément du film est montré dans ce sens, utilisant toute parcelle de son script pour nous captiver jusqu'à un final en apothéose.


L'impeccable mise en scène est bien entendu portée par un casting surhumain : non seulement nous avons une pléiade de seconds couteaux attachants, très talentueux, possédant chacun leur petite histoire. Mais nous avons aussi l'extrême bonheur de nous délecter de la prestance de deux demi-dieux du cinéma ici réunis. Premièrement, Al Pacino : le genre de type petit mais quand il te dit de t'asseoir, tu le fais. Sa nervosité et son aplomb font la paire avec son opposant : plus placide et taciturne, mais bardé du même charisme en acier trempé : Mr. Robert de Niro, un mec qu'il ne vaut mieux pas froisser au risque de se faire repasser, qui n'oublie cependant jamais de déposer un verre d'eau et une petite serviette avant de quitter la femme dans son lit.


Mann va jongler avec les deux points de vue d'une justesse d'équilibriste : d'un côté le flic sur le qui-vive et obsédé par son métier, de l'autre le gangster méthodique et impassible. Ainsi, un portrait très humain des antagonistes va se broder, pour nous faire découvrir leur personnalité marquée et alambiquée. Tout deux ont un sens de leur propre morale très aiguisé, ce qui ajoute de l'intérêt aux événements qui s'imbriquent parfaitement, à la fois efficaces et subtils. On est tout de suite conquis par ces frères ennemis sachant être émouvants, figures non-manichéennes et représentatives de la complexité des hommes. Michael Mann va même leur édifier une romance à chacun, sans jamais s'écarter de son sujet, romances qui vont en plus servir l'histoire et ajouter du corps au scénario.


Pour conclure, on ressort de cette traque psychologique avec des étoiles plein les mirettes. Que ce soit dans l'action ou dans les dialogues, Michael Mann nous transporte sans fioritures dans un polar titanesque. Rarement égalé (voire jamais), Heat est un régal visuel et mental, qui se bonifie au bout de plusieurs visionnages. Un exemple à suivre pour tout thriller qui se respecte.

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le 28 janv. 2020

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