Heatseeker
Heatseeker

Film de Albert Pyun (1995)

Un scénario à base de kickboxing et de robot, il n’y avait qu’Albert Pyun pour effectuer un tel cross-over qui réunit plusieurs de ses thèmes de prédilection. Et puis voir des cyborg se foutre sur la gueule façon Mortal Kombat, avouez qu’il y avait de quoi avoir une demi-molle. Dommage que leurs conditions ne soit cependant pas plus mises en avant dans le film si ce n’est lors des finish him. Restriction de budget oblige puisque Heatseeker fût réalisé en l’espace de 11 jours entre les tournages de Spitfire et Hong Kong 97. Difficile d’évaluer le coût de l’opération étant donné que le budget de 6 millions fût divisé entre les trois productions. On regrettera également que l’édition DVD recadré en 4/3 ne respecte pas le format scope d'origine et ne permet donc pas d’apprécier le travail d’orfèvre de son chef opérateur George Mooradian, l’éternel collaborateur du réalisateur. Pas sûr que l'hawaïen imaginait d'ailleurs passer l'hiver 2019 confiné dans sa maison. Sa représentation du futur n’a clairement pas anticipé l'épidémie, ni même les questions de trouble identitaires chez les gens (les fameuses personnes « non-genrés ») et ce même s’il y est en partie question de transhumanisme. Pour palier à la crise des sports de combats qui peine à passionner les foules, il est désormais admit de « tricher » pour une nouvelle génération de combattants qui acceptent de se faire implanter des prothèses bionique censé leur permettre d’améliorer leur résistance au coups et leurs aptitudes. Mais on ne fait pas des chevaux de couses avec des bourriques, et O’Brien le champion du monde en titre garantie sans additif et sans couenne de porc n’en fait qu’une bouchée de ces boîtes de conserves ambulante ce qui ne plaît guère à la SIANON Corporation, une puissante entreprise qui compte bien faire de son protégé le nouveau champion en organisant leur propre Kumite auquel O’Brien sera contraint de participer s’il veut pouvoir retrouver sa femme kidnappée.


Aaaaaah le méchant qui kidnappe la femme du héros et qui tente par tous les moyens de lui mettre des bâtons dans les roues pour l’affaiblir et le forcer à se coucher lors de la finale, c’est un grand classique du film de combat (Cadence de Combat, Kickboxer). Cela dit, faire de sa femme une esclave sexuelle entièrement dévoué à son éternel rival, il faut bien reconnaître qu’il fallait oser (une idée perverse reprise de son précédent long-métrage Kickboxer 4). Cela donne d’ailleurs une séquence onirique plutôt sympa où le champion enrage d’être fait cocu et de la voir se faire tripoter. Et comme chacun le sait, rien de tel qu’un boxeur frustré pour faire du civet de bras cassé. À l’instar de Bloodsport, le film sera rythmé sur l’enchaînement de ses matchs d’exhibition entre de nombreux participants aux techniques disparates. On aurait pu penser qu’avec deux épisodes de la saga Kickboxer à son actif, Albert Pyun aurait eu plus d’un tour dans sa manche pour assurer le show grâce à une mise en scène dynamique et incisive. C’est pourtant à ce niveau que Heatseeker mord le tatamis, entre des chorégraphies trop courtes qui manque clairement de punch, des personnages peu imposant ou mal caractérisés, des plans large vu des gradins qui ne permettent pas toujours de pouvoir discerner correctement l’action surtout avec ses nombreuses têtes dans le champ. Et il ne suffit pas de rajouter de la musique synthé par dessus pour rendre les bagarres plus exaltantes. Néanmoins Keith Cooke se débrouille bien pour asséner des coups de poing et de savates à ses opposants même si l’adversité n’a rien de très spectaculaire et hormis l’antagoniste interprété par Gary Daniels, ce sont surtout des tocards ce qui explique pourquoi la plupart cherche à s’augmenter artificiellement pour compenser leurs complexe d’infériorité. Seulement quant on voit que les membres et les crânes explosent sous l’effet des coups, on se dit que l’acier est tout de même bien moins résistant que le squelette humain. Pour le reste, Heatseeker finit assez rapidement par lasser faute d’inventivité et de folie, et ce malgré quelques répliques ringardes (« je vais te pulvériser, il faudra te ramasser à la pelle et la balayette », "il a besoin d'amour") et situations cocasses comme celle où O’Brien à peine débarquer à Manille se retrouve à poil sans ses bottes après s’être fait agresser puis dépouiller par des gosses. Y a pas à dire, le gaillard a vraiment l’étoffe d’un champion avec sa tête de vainqueur et ses couilles a l’air. Finalement, pas sûr que ce soit réellement contre son gré que sa copine soit parti rejoindre son rival monté comme un âne.


Si toi aussi tu aimes l'unagi, le plaisir de l'ultra-violence, les pia-pia dans le corps, les coups de savate dans les burnes, l'odeur d'huile camphré et de foutre chaud... L’Écran Barge est un site fait pour toi, garanti sans stéroïde de synthèse. Tu y trouveras quantité de critiques de films, de quoi cultiver ton esprit et paraître un peu moins bête à la salle de sport, car le cerveau est aussi un muscle ne le négliges pas.


Le-Roy-du-Bis
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le 3 sept. 2024

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