Extraordinaire navet atomique avec les Venoms. Le trip psychédélique ultime de Chang Cheh.

Lee Yi Min est banni du paradis et réincarné en taxi sur terre, il aide Fu Sheng à protéger sa fiancée d'une attaque de malfrats mais y laisse la vie. Il rejoint alors inopinément les enfers d'où il se libèrera en aidant 4 âmes perdues (les Venoms) à dispenser la justice contre les méchants qui les ont assassinés sur terre, eux même réincarnés en maîtres des enfers. Voilà pour le résumé pas follichon de cette histoire kaléidoscopique totalement dingue et bien plus incohérente encore qu'il n'y paraît.

Alors mettez ce scénario dans les mains d'un Chang Cheh shooté à l'opium, et vous obtenez un conte fantastique irréaliste au possible rempli de kung fu à l'ancienne concocté par les Venoms, un mélange de :

- Flash Gordon pour la première scène au paradis, ses décors et ses costumes de dessins animés (Chiang Sheng avec des couettes et une tenue bouffante blanche et deux compères dont Dick Wei (!) vert et orange !!)

- Seijun Suzuki sans aucun doute possible pour les couleurs, l'organisation minimaliste et métaphorique des décors, les chorégraphies lors du passage avec Fu Sheng, et notamment une scène où il chante, danse puis se bat, très proche de la scène finale de Tokyo Drifter) en moins maîtrisé, cela va de soi. Une scène mémorable où entre autres, Fu Sheng rejoint sa belle en escaladant un portail au milieu de nulle part et fait face à des portraits gigantesques qui réprésentent le regard impitoyable du méchant (Suzuki ! Suzuki !). A ce propos, les sons de frappe sont purement gommés pour le combat qui suit, musique swinging jazzy à l'appui.

- La Quatrième dimension pour les spirales temporelles, Star wars du pauvre pour les gardes de l'enfer, alter-egos super bis des gardes porcins de Jabba The Hutt, Roger Corman et son "The Undead" par exemple, pour le carton pâte, le délire, le zapping frénétique et l'ambiance super kitsch ;

- la mythologie chinoise pour le look des maîtres des enfers proches des fantômes de Sammo hung et son futur "exorciste chinois", Horreurs bis italiennes (voir même "Galligula" pour l'originalité des machines de torture) mixés pour les tortures et les multiples enfers qui nous sautent au visage (l'enfer des langues trop bien pendues, l'enfer des joueurs auxquels on coupe les doigts, l'enfer des écorchés vifs, l'enfer glacé, celui des voleurs, des hommes trop riches, des vils que l'on fait cuire en bouillon, etc, etc)

- du Kung-fu d'époque et du kung-fu 70's pour les 4 histoires des venoms morts à des époques différentes (enchaînées subtilement avec gros plan facial, fondu flouté et une harpe digne d'un péplum céleste).

- etc, etc.

Un sacré morceau de rigolade pour ma part, ça zappe sans arrêt, le film se permet même 3 génériques différents à 30 secondes d'intervalle (!?), les combats sont parfois limites (grands athlètes mais chorés de Lu Feng et Kuo Chui pas toujours au top) mais nombreux, les costumes, les couleurs, les idées..... Un gros shoot étrange et sans limite, nullissime mais trop bon, une sorte de péplum mystique à la Chang Cheh shaolin où il ne faut en aucun cas chercher un sens. Ah si ! Un message tout de même : la justice existe que ce soit sur terre, dans le ciel ou en enfer !

A part ça, pourquoi mettre Fu Sheng en couverture et crédité David Chiang en rôle titre alors que les vraies vedettes sont Lee Yi Min et les Venoms (Lu Feng incarne 3 ou 4 rôles à lui tout seul) ?

Un point de vue commercial qui laisse perplexe.
drélium
6
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le 28 févr. 2011

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drélium

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