Si le réalisateur, Alain Gsponer, gagne la Palme d'Or du nom de famille imprononçable catégorie moins de 90 minutes de Paris, on ne sera pas étonné.
Mais ce n'est pas la seule qualité du film.
En commençant le visionnage, je ne m'attendais à rien! À rien de bon pour être exact. J'avais même un peu peur, j'avais en tête des images de l'animé japonais, mièvres et pleurnichardes.
Peu à peu, j'ai été conquis.
Tout d'abord par la jeune actrice, Anuk Steffen, très crédible dans le rôle de la jeune fille pleine de vie qui découvre les grands espaces et en tombe sous le charme. Elle est vivifiante et dégage une énergie incroyablement insouciante à l'image de l'héroïne du roman.
Bruno Ganz est aussi très bon dans le rôle du grand-père bourru mais au grand cœur.
Et le rôle de Katharina Schüttler, la gouvernante Mlle Rottenmeier, dure et exigeante, ne fait pas trop dans le pathos et le tire-larme.
Les images des alpages suisses et toutes les parties du film qui s'y déroulent sont magnifiques et bien mises en scène. Les images sont belles.
Les parties citadines et la reconstitution de Francfort du début de l'ère industrielle souffre un peu du manque de moyen de la production mais ne s'en tire pas si mal.
Le scénario ne s'appesantie pas sur les moments dramatiques. Il va même un peu vite, ne s'attardant pas sur les à-côtés de l'histoire originelle. Mais ce qu'on perd en fidélité aux ouvrages jeunesses, le spectateur le gagne en rythme et le film, bien que d'une durée de deux heures, file comme le TGV dans la plaine.
Et si les larmes finissent par nous monter aux yeux, ce n'est pas parce que le film appuie longuement et sadiquement sur nos glandes lacrymales, c'est juste que l'histoire est ainsi écrite.
Le roman fait pleurer dans les chaumières.
Film jeunesse ?
Mon fils de quatre ans, spectateur exigeant, autant que très actif et à l'ennui rapide, voyait le film pour
la deuxième fois. Il l'avait vu en classe avec sa maîtresse, et il en gardait des souvenirs encore vifs. Je redoutais que le deuxième visionnage soit celui de trop (honte à moi qui n'ai pas voulu le croire quand il me disait qu'il connaissait Heidi.
Et bien, non ! il est resté scotché devant l'écran de bout en bout, aimant voir les animaux des alpages et en questionnement sur le handicap de la petite Clara.
Ma fille de 8 ans, spectatrice exigeante, est restée elle aussi sagement devant l'écran, riant quand c'était drôle et émue quand il le fallait. Le film parlant de petites filles, dont une handicapée moteur, faisait d'elle le cœur de cible, certes mais elle aurait pu le trouver pleurnichard et gnian-gnian. Il n'en est rien. Elle a adoré. Le lendemain de notre séance, elle y retournait, alors qu'elle a passé l'âge de voir et revoir sans cesse la même histoire.
En bref
Cette cuvée 2016 de Heidi n'est vraiment pas mauvaise. Elle est même, une des plus réussie.
Un film à mettre devant tous les yeux, même les plus jeunes.
...
Comme après la douleur, comme après la tempête,
L'Homme supplie encore et regarde le ciel,
Le voyageur, levant la tête,
Vit les Alpes debout dans leur calme éternel,
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Alfred de Musset - souvenir des Alpes - 1851