"En route taxi....sinon, vous savez ce que c'est le NSDAP ?"

Sous couvert de déplaire aux siphonnés du bulbe qui refusent d'accorder le titre d'humain pensant à un architecte de la plus grosse tuerie du XXièm siècle mais néanmoins figure majeure de celui-ci, le documentaire fait d'emblée ce qui doit être fait : s'imprégner du contexte adéquat, balayer les idées déjà évoquées concernant le personnage, le rattacher à quelque chose d'humain (il est né, il tient un journal intime, il écrit à sa femme toute sa vie) pour ainsi pouvoir analyser et montrer des faits sans crainte des amalgames, mode opératoire de tout historien.

Himmler ne s'aimait pas. Toujours malade, chétif, maniaque, perfectionniste, il voulait faire quelque chose pour la grande Allemagne, comme tout petit aryen qui se respecte en ces temps-là. Himmler n'a rien de décent. C'est un horrible adjectif qui ne veut absolument rien dire. Il veut plaire au Reich, aider à propager la lumière idéologique et culturelle de son pays à travers le monde. A grands renforts de bagage littéraire glorifiant la race allemande, il entre de pleins pieds dans la philosophie nationaliste, la volonté de soutenir son peuple et la renommée du pays.

Le documentaire retrace sa vie et ses actions à travers le prisme de lettres envoyées à sa femme et d'image d'archives. Son ascension dans l'état major, ce qu'il a apporté à la structure militaire et politique de son parti, l'importance de sa place au sein du Reich, etc ...... Ce qui est intéressant c'est que le film n'a aucun parti (lol) pris, comme le feraient d'autres documentaires plus engagés. Le commentaire se résume à des hommes, femmes et enfants lisant en allemand les lettres laissées par Himmler, et rien d'autre. Chris Marker nous a démontré avec ses "Lettres de Sibérie " que toute la force d'un documentaire qui se veut dirigiste et fort réside dans le traitement apporté au commentaire, son propos et l'intonation de la voix. Dans "The Decent One", c'est l’absence de manipulation verbale qui inscrit le film dans un état de faits pur et simple, sans distillation outrancière. Himmler n'est pas un monstre ni un saint, dans le point de vue que l'on choisit d'adopter vis-à-vis du personnage, mais un être humain qui a fait des choses par le passé. Pas de jugement de valeur, pas de morale, pas de martelage Dachau-iste, juste une constatation neutre, avec l'aide de preuves matérielles.

https://www.youtube.com/watch?v=ojWfD34HZO4
Gaspard_Savoureux
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le 10 févr. 2015

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