Un héros damné, des bagnoles et une bimbo, ça sent Ghost Rider, ça ressemble à 60 secondes chrono, et pourtant ça n'a rien à voir. Le nouveau Nicolas Cage serait-il le retour tant attendu de l'acteur dans les bons films d'action ?
Milton (Nicolas Cage) est un damné, qui, échappé des enfers, veut venger la mort de sa fille, tuée par les membres d'une secte satanique, dirigée par l'infâme Jonah King (Billy Burke), mais également pour libérer sa petite fille, kidnappée par celui-ci, et sur le point d'être offerte en sacrifice. Le temps joue contre lui, puisqu'il n'aura que trois jours pour aller du Colorado à la Louisiane. Sur son chemin, il fera la rencontre de Piper (Amber Heard), une courageuse jeune femme qui n'hésitera pas à l'aider, un soutien qui lui sera précieux, car Le Comptable (William Fichtner), un démon, est à ses trousses et bien déterminé à le ramener en enfer.

La première fois, quand j'ai vu le titre et l'affiche, je me suis attendu à un énième film pour grands garçons amateurs d'arbres à cames, et puis par la suite, quand j'ai lu le synopsis, je me suis dis que ça ressemblait étrangement à un mix entre Spawn et Ghost Rider (dans lequel joue d'ailleurs Monsieur Cage), et pourtant je me suis retrouvé à la fin devant un film qui m'a cloué le cul dès les premières minutes. Imaginez une intro commençant par une fin de course poursuite se terminant en accident, Nicolas Cage qui fait exploser des membres au fusil à pompes, dont les fragments vous sont balancés à travers la gueule, le tout en 3D. Là, je me suis presque décloué le cul pour me lever et applaudir, tellement c'est ce que l'on rêvait de voir dans des blockbusters de ce genre. Et puis non, je me suis ravisé, sait-on jamais, c'était peut-être juste un subterfuge pour que les gens restent dans la salle. Mais pas du tout, c'est comme ça pendant tout le film. Une succession de scènes hallucinantes, faisant passer Machete pour un pendejo du dimanche. Machete par exemple, il baise et tue, mais jamais en même temps, alors que Milton, lui, quand il est au pieu et qu'on vient l'emmerder il continue à baiser, allongé, debout, en tournant, tout en dégommant tous les truands qui passeront dans sa ligne de mire. Comme quoi les gunfights c'est facile à faire, mais rarement on en aura vu de cet acabit, et a fortiori avec autant d'humour. Ce qui plaît également c'est la détermination de notre héros, prêt à tout pour se venger, ne laissant aucune place aux états d'âme, a contrario du moribond Dwayne Johnson dans Faster. Côté 3D on se marre aussi, car tandis que certains prônent le fait que balancer des objets dans la gueule du public c'est nase (dixit Joseph Kosinski, le réalisateur de Tron L'héritage), ici on nage en plein arrosage du public, c'est simple, tout ce qui peut vous être balancé y passe, balles, débris, éclats de verre, à tel point qu'on a l'impression d'être en deux roues à 200km/h sur une autoroute avec son casque intégral ouvert. Pourtant le réalisateur, Patrick Lussier, n'a jamais particulièrement brillé, et s'est surtout fait remarquer pour ses navets (Dracula 2001, My Bloody Valentine, et j'en passe), mais quoiqu'il en soit, avec des moyens conséquents il a réussi à montrer qu'il était capable de réaliser un actioner qui tenait amplement la route et ne laissant jamais le temps de s'ennuyer. Dommage, le film est un flop aux States (tout juste 10 millions de dollars engrangés, pour un budget de 50) le public étant blasé par les films de bagnoles, ce qui est d'autant plus regrettable car ça n'en est pas un (même si l'on ne pourra pas nier qu'il y a effectivement quelques courses poursuites, Dodge Charger et Camaro SS oblige), et explique que son titre soit passé de Drive Angry (« Conduire Méchamment ») aux States à Hell Driver (« Pilote de l'enfer ») en France. Ce qui fera marrer ceux qui ont encore suffisamment de neurones en activité, c'est qu'Hell Driver sonne comme Elle Driver, la tueuse borgne de Kill Bill, interprétée par Daryl Hannah.

Si Nicolas Cage, malgré sa teinture blonde plus que douteuse, réussit à être tout à fait crédible dans son rôle de gentil-méchant, les seconds rôles se font également bien remarquer, dont son acolyte, Amber Heard, aussi nerveuse que sexy, mais surtout William Fichtner, majestueusement drôle dans son rôle de démon en costard tuant grosso-modo la moitié de la distribution sans jamais perdre le sens de l'humour.
Autre point positif, la bande-originale. Tous les morceaux sont choisis avec intelligence, et on pleure de rire quand Fichtner déboule en semi-remorque, écoutant That's The Way I Like It d'Easy Action (tube des années 70) à fond tout en enfonçant un barrage de flics. Autre morceau marquant, Stone In My Hand d'Everlast, leader du groupe mythique de Hip-Hop House of Pain, dont les paroles « Ride with the devil, hide with the lord, I got no pistol, ain't got no sword » sont juste parfaites pour le métrage (et je suis un fan de cet ex-rappeur à la voix rauque, presque tombé dans l'oubli, et que seule une poignée de fans reconnaîtront, ce qui fait d'autant plus plaisir et file un paquet de frissons — oui, oui, je jubile, mais il est suffisamment rare de pouvoir autant prendre son pied avec un film pour ne pas en profiter, j'eus presque l'impression de revivre la projection de Last Action Hero durant mon adolescence, c'est dire...). On notera aussi les présences sonores de Trooper, Peaches, T-Rex, April Wine, The Raveonettes ou encore Unkle, en somme que du bon. La bande-son dirigée par Michael Wandmacher fleure quant à elle le bon blues/rock façon Tito & Tarantula, rajoutant un côté grindhouse con carne qui sied à merveille à l'ambiance générale.

Bref, Hell Driver est un film d'action comme on en fait plus, et qui nous replonge en plein dans l'âge d'or du genre, où il suffisait pour réussir d'avoir quelques protagonistes sympas (Schwarzy, Willis ou Gibson), une trame basique, de l'humour-con, et surtout aucun temps morts. Chose importante, issue de cette époque, le film n'y va pas avec le dos de la cuillère niveau gore, nous ramenant en plein Total Recall. Les culs et les nichons sont eux aussi de mise, ainsi que les full frontals aux gazons touffus. Je tenais à préciser ces choses, Hell Driver n'ayant rien des actioners aseptisés, devenus tout public, et qui nous sont servis régulièrement en salles. ACCORD PARENTAL INDISPENSABLE.
Pour conclure, si vous êtes prêt à laisser votre cerveau à l'ouvreuse et embarquer pour 1h30 d'action jubilatoire, acquittez vous des 12 euros demandés, ils les valent. Ceux qui en revanche ne peuvent pas apprécier un film sans faire travailler leurs deux hémisphères risquent fortement d'avoir l'impression de regarder un documentaire sur l'implication de la cession d'armes à feu à des néandertaliens (j'attends avec impatience les retours des Cahiers, de Chronic'art, des Inrocks, ou encore du Figaroscope).
Mention spéciale pour William Fichtner, qui n'avait guère brillé depuis son rôle dans Armageddon (hormis dans des rôles très seconds), mais qui fait un retour explosif, et qui même s'il ne le catapultera pas aux Oscars, le catapultera dans nos mémoires, ce qui n'est déjà pas si mal.
Et comme toutes les règles ont leurs exceptions, mention spéciale aussi pour Nicolas Cage, qui après son fécalome Le dernier des Templiers, réussit à remonter la pente après un début d'année qui semblait mal barré. I love you Nicolas.
SlashersHouse
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le 13 mars 2011

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