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La première partie de la décennie 2010 c'est l'âge d'or du Found footage. Dans la lancée du succès pharaonique connu par Paranormal Activity, les producteurs avides de rentabilité vont essorer un concept jusqu'au dernier dollar exploitable. De prime abord simpliste, un Found footage horrifique réussi demande pourtant une vraie réflexion de mise en scène. Contrairement à l'idée reçue et exploitée par les financiers, il ne suffit pas d'agiter sa caméra dans tous les sens en filmant une troupe de jeunes hystériques poursuivie par des chimères. Vouloir reproduire le réel dans une veine ultra-réaliste exige une rigueur de tous les instants. Il faut rendre crédible ses personnages, ses péripéties et l'image elle-même, lien direct entre le spectateur et le récit filmique. Alors que le public commence à se lasser d'un genre qui ne fait que répéter inlassablement les mêmes gimmicks, certaines propositions repensent leur façon d'aborder le medium en question. On pense au glaçant Sorgoï Prakov ou au diptyque Creep et son ambiance malaisante. Hell House, pas aussi radical, propose de son côté un discours quasi-méta sur le genre lui-même.


Alors qu'un incident cause la mort de plusieurs personnes lors d'une soirée Halloween dans une attraction de maison hantée, une journaliste mène l'enquête pour déterminer la cause de cette tragédie. Elle obtient les fameuses vidéos tournées par les propriétaires des lieux eux-mêmes durant les mois précédents le drame. Peut-être cela permettra de comprendre comment en est-on arrivés là. Inconsciemment ou non, Hell House met en scène des entrepreneurs en train de confectionner la maison hantée ultime. Difficile de ne pas y voir ce processus comme miroir sur la fabrication de la peur elle-même. Le film joue ainsi habillement de l'arroseur arrosé. Alors qu'ils créent de toutes pièces décors, marionnettes et mise en scène, les jeunes new-yorkais sont victimes à leur tour d’éléments troublants. Comme ils sont eux-même les créateurs de cet environnement, ils ne cèdent pas à la terreur hystérique à la première porte qui grince. Leurs nerfs étant rodés à l'exercice, la véracité des apparitions est constamment remise en cause. Il faudra que la terreur grimpe en intensité et que plusieurs membres du groupe soient victimes d'apparitions inexplicables pour que le doute s'immisce. Même si cela ressemble à une facilité scénaristique de petit malin pour justifier la poursuite du projet alors que la menace se fait de plus en plus inquiétante, il n'en est rien. Chaque scène de terreur est remise en question, pouvant être simplement une mise en scène orchestrée par l'un des protagonistes ayant à sa disposition un matériel foisonnant et des idées en pagaille.


Cette équilibre permanent, désamorçant les situations horrifiques sans oublier de les rendre angoissantes, implique immédiatement le spectateur au sein de son récit. Jouer à se faire peur, déceler le vrai du faux, cela nous renvoie à nos propres expériences. Grâce à un casting jeune et sympathique, on s'identifie rapidement à leur dynamique, faisant carburer la suspension d’incrédulité : se filmer pendant les voyages, bâtir un projet commun ou encore s'envoyer des bières après une dure journée de labeur. Hell House parvient à rendre crédible ses partis pris et réussit l'exercice périlleux de l'immersion propre au Found footage. Dès lors, l'horreur peut progresser crescendo. Le long-métrage exploite parfaitement son décor et ses marionnettes grandeur nature. Jouant sur les traditionnelles mais toujours efficaces peurs des clowns et du noir, la disposition de corps inertes au milieu du champ de vision ou dans des recoins plus sombres suffit à dresser les poils sur les bras. De plus en plus étranges et insistants, ces déplacements et apparitions d'objets censés être inanimés jouent constamment avec nos nerfs. Malheureusement la tension retombe lors d'un climax en partie raté.


Tout du long, des interviews de proches des victimes et de spécialistes sont montées en parallèles des bandes visionnées, agrémentées des vidéos amateures des événements. La menace paraît de plus en plus étouffante, promettant une dernière partie tétanisante face à l'indescriptible. Il n'en sera rien. Le final s'avère beaucoup trop classique et en deçà des attentes construites pendant plus d'une heure, notamment à cause de twists grossiers et réchauffés. De plus, le carnage final se veut bien trop timoré par rapport à l'horreur infernale promise. Le lot pour beaucoup de Found footage, ne parvenant pas à terroriser à hauteur des attentes. A trop crier au loup, personne ne vous entendra crier.


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PowerSlave7
6
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le 29 mars 2024

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