Plus ambitieux que son parent, Hellboy II envoie la sauce dès les premières secondes de bobine pour nous envoûter généreusement pendant près de 2 plombes. On y retrouve l'univers fantastique de Del Toro, qui se fait plaisir à créer, pour l'occasion, un bestiaire très varié qui n'est pas sans rappeler les sagas les plus célèbres dans ce genre d'exercice. Et si l'on peut se poser la question du bien fondé de ce choix, qui finalement estompe un peu l'existence mythique d'Hellboy, il faut tout de même reconnaître que le résultat a vraiment de la gueule. Le travail narratif qui donne vie à cette famille d'illustres guerriers, dont l'un des derniers descendants prendra la place du méchant dans cet opus, est faite avec beaucoup de goût. C'est d'ailleurs cette figure contestataire, ce danger qu'incarne le prince Nuada, qui fait tout l'intérêt de ce second Hellboy. Le personnage possède un charisme indéniable et Del Toro lui donne une belle ampleur, et ce, dès le début du film. La première séquence lors de laquelle il s'entraîne est efficace et suffit à nous faire comprendre que ce prince en quête de justice sera bien plus intéressant que ne pouvait l'être le barbu mage du premier Hellboy. Son affrontement final avec le diable rouge sera d'ailleurs à la hauteur de nos espérances, martial et soigné dans sa réalisation.
Avec cette suite, on sent réellement que Del Toro souhaitait combler les quelques faiblesses qui habitaient son premier film. Les personnages secondaires sont un peu plus écrits, et possèdent leur intérêt propre. Et si c'est encore un peu maladroit, la preuve en est cette nouvelle amourette un peu débile concernant Abe et la princesse, cela permet au film de ne pas uniquement tourner autour d'un seul personnage. Hellboy existe toujours bel et bien, mais autant par ses faits personnels qu'à travers son entourage.
Hellboy II est une belle oeuvre de divertissement. Inattaquable, ou presque, dans sa réalisation. Terriblement inspirée d'un point de vue graphique, elle possède toutefois malheureusement ces travers dans lesquels tombait déjà Del Toro dans le premier film. Pourquoi venir alourdir une si belle récréation sous acide par des thématiques lourdingues, comme la paternité ou les voies insaisissables de l'amour. Cette dernière thématique est d'ailleurs un peu le talon d'Achile de la saga, desservant le film à de nombreuses reprises. Et si parfois elle fonctionne tout de même, à travers cette relation frère-soeur dans cet opus, elle est bien souvent pompeuse et sans intérêt, en plus de donner lieu à des choix d'écriture plus que discutables (Abe qui cache le troisième fragment comme un gamin).
M'enfin, Hellboy II est si généreux dans son ensemble que tous les amateurs du trublion rouge lui passeront ses petites maladresses sans se faire prier, pour se délecter avec gourmandise de la maîtrise graphique dont fait preuve, une nouvelle fois, le très inspiré Guillermo Del Toro.