Si l’ambition d’assombrir les adaptations au cinéma d’Hellboy après trois films plus édulcorés, et ainsi de se raccorder à la série limitée de comics The Crooked Man était louable, elle ne saurait suffire à rattraper la laideur d’ensemble et l’amateurisme de mise en scène qui use et abuse de mouvements de caméra intempestifs et rarement maîtrisés pour conférer à son récit un dynamisme des plus artificiels. L’errance des personnages, une forêt bulgare plongée dans la pénombre comme décor principal, les créatures démoniaques à l’image d’une araignée géante ou d’un serpent noir, la sorcière engagée dans une leçon de cuisine de ses fameuses « boules de poison » ou encore la foule de possédés menaçant l’église, composent une ambiance gothique où l’homme perd ses repères, physiques et moraux, mais dans laquelle les protagonistes ne sont guère éprouvés : Hellboy et ses acolytes traversent tout sans difficultés véritables, passant d’un endroit à l’autre par des transitions grossières. Nous retrouvons là l’esthétique – si tant est que nous puissions l’appeler ainsi – de Brian Taylor, déjà responsable, en duo avec Mark Neveldine, du Ghost Rider: Spirit of Vengeance (2012) : cultiver l’image sale tout en prétendant justifier par elle l’imprécision du geste et l’absence de savoir-faire véritable.