Réalisé par Clive Barker (qui adapte pour la première fois un de ses romans, The Hellbound Heart), Hellraiser est l'un de mes films d'horreurs préférés. Avec une mise en scène efficace, de très bons acteurs (sous estimés par certaines personnes), une excellente musique (Christopher Young est pour moi le meilleur compositeur de musique horrifique) et de superbes effets spéciaux et maquillages, Hellraiser a tout d'un grand film.
Son scénario est intéressant : On démarre par un homme ouvrant un mystérieux cube et se faire écorcher vif par des crochets. Dès les premières minutes Clive Barker nous introduit déjà dans un univers malsain, dérangeant et que cette ambiance ne nous lâchera pas jusqu'à la fin. La première "mort" de Frank Cotton est une scène très violente, qui permet aussi d'avoir un aperçue des Cénobites. Ensuite on se retrouve quelques temps plus tard (on ne sait pas trop le temps qui sépare) où Larry le frère de Frank et sa femme Julia aménage dans la maison où Frank a ouvert la Boîte. Un coup de téléphone de Kirsty et en quelques minutes à peine on a déjà fait la présentation des personnages principaux du film.
Frank va bien évidemment revenir grâce au sang de son frère et va demander à Julia qui fut son amante de lui ramener des victimes afin qu'il se régénère. Oui, parce que Frank revient dans notre monde mais pas entièrement et il a besoin de peau afin de pouvoir fuir les Cénobites. L'union entre Julia et Frank est dérangeante : cette femme est au main de cet homme à l'apparence de zombie.
Clive Barker a d'ailleurs l'intelligence de mettre sa caméra du point de vu de Julia et Frank et de mettre en arrière Kirsty et Larry. Au final Kirsty prendra de l'importance dans la deuxième partie du film, mais pendant les 40 premières minutes Julia et Frank sont les deux protagonistes du long-métrage.
Je vais pour ma critique/analyse me baser sur l'excellent livre de Paul Kane "The Hellraiser films and their legacy".
Une des thématiques du film est le pacte. Le titre français n'a pas été choisi au hasard. Le début du film avec Frank achetant la Boîte et l'ouvrant peut rappeler l'histoire de Faust et de son pacte avec le diable. Ici Frank recherche un plaisirs au delà des limites mais ne pourra plus revenir dans notre monde. Plus tard, Kirsty fera un pacte avec les Cénobites : leur ramener Frank vivant, afin qu'ils l'épargnent.


Le film semble aussi critiquer le mariage avec la relation adultère de Julia avec Frank (qu'on peut voir comme un autre pacte). Lors du flashback, le fait que tous les deux font l'amour sur la robe de mariée de Julia montre tout de suite que le pacte du mariage entre cette dernière et Larry ne sera pas respecté. Plus tard dans le film, un Frank écorché prononcera devant Julia les phrases suivantes "We belong to each other now. For better, for worse. Like love, only real" de la manière qu'un marié prononcerait ses vœux à son épouse Quand plus tôt Julia accepte d'aider Frank à récupérer sa forme humaine et donc à tuer des gens, elle répond par "I will" ce qui accentue l'acceptation de ce pacte.
La relation entre Larry et Julia est dès le début entrain de chuter. Julia n'accepte de rester à leur nouvelle maison, seulement parce que qu'il y à le souvenir de Frank (et plus tard Frank en personne). On peut aussi comparer avec la relation entre Kirsty et Steve. La scène où ils s'embrassent dans le couloir de la station de métro et suivit par une scène où Julia et Larry sont dans leur lit. On passe d'un coupler qui semble avoir un bel avenir (même si ça ne sera plus le cas dès le film suivant) devant eux à un couple qui comme le dira Clive Barker dans un des commentaires audio du film " avec d'un côté quelqu'un ronflant et pétant et de l'autre quelqu'un restant éveillé et maudissant le moment où ils se sont mariés".


La famille est un thème souvent utilisé dans le cinéma horrifique. Ici la relation entre les membres de la famille Cotton est intéréssante. La relation entre Larry et Kirsty va plus loin qu'une simple relation père/fille. Il y à dedans une relation semi-incestueuse proche du concept d'Elektre (équivalent féminin d’Œdipe) notamment lorsque Kirsty donne à son père un baiser sur la bouche. Deplus lorsque qu'il voit sa fille où lui parle au téléphone il est rayonnant et sourit ce qui n'est pas le case lorsqu'il est en présence de sa femme. On peut y voir aussi la théorie du fait que Larry à perdu sa première femme et qu'il reporte l'amour qu'il avait pour cette dernière à leur fille.


J'ai trouvé intéréssant lors lorsque Frank dit à Kirsty "we can all be happy here". On y voir ainsi une version négative de la famille traditionnelle : Frank devant le père, Julia la mère et Kirsty la fille.


Le film semble aussi critiquer l'aspect religieux de certains films d'horreur, voir même la religion. Lorsque Larry voit une statut biblique sur la cheminé, il trouve cela kitsch, plus tard lors du déménagement Kirsty à un petit rire moqueur devant des statues religieuse. Kirsty semble être la vierge du film, comme c'était le cas dans la plupart des films d'horreur des années 80/90. Cerpendant rien ne nous dit si c'est le cas. Et ce malgré le fait qu'elle s'habille la majorité du temps avec un tee-shirt blanc, symbôle de la virginité.
Lors de la première apparition des Cénobites devant Kirsty, trois apparaissent dans un seul plan. On y peut voir un écho au Père, au Fils et au Saint Esprit dans une version démoniaque. De plus Pinhead avec ses pics semble rappeler une figure christique avec la couronne de pics. L'idée que ce sont des démons est aussi écarté car selon le point de vu de ceux qui rencontrent les Cénobites il y aura une vision différente.


Quand à la mort de Frank elle peut rappeler une sorte de crucifixion, Frank prononçant cette courte phrase de la Bible "Jesus wept.


Les Cénobites évoquent bien sur les milieux sado-masochiste et les modifications corporels extrêmes comme les piercings où les tatouages. On y voir aussi une allusion à l'inquisition espagnol qui utilisait des moyens de tortures tous aussi horrible les uns des autres. Les Cénobites sont éternellement torturés par les éléments en fers qui traversent leur chaires. De plus ils évoquent aussi certaines peurs et certains péchés : Pinhead évoque bien sûr le péché de supériorité ainsi que la peur d'être pénétrer par différents objets pointus et/ou phallique comme le montre pics enfonçais dans son visage. Female évoque le péché du désir mais aussi la peur des hommes face aux femmes : sa gorge est en effet ouverte et à la forme d'un vagin. De plus sa voix est androgyne (grave et rauque) ce qui accentue une certaine ambiguité chez le personnage. Chatterer représente bien sûr le péché de la curiosité avec les yeux recouvert par une couche de peau mais aussi la peur d'être seul, d'être dans le noir. Sa bouche écarté par des crochets et ses claquements de dents rappellent aussi la peur d'être dévorer ainsi que la peur d'aller chez le dentiste (avec l'écarte-bouche). Enfin Butterball évoque le péché de la gloutonnerie et de l'avarice. Il est aussi une métaphore de la peur de la chirurgie avec ces ustensiles qu'il porte ainsi que la peur d'être aveugle avec les yeux cousus sous ses lunettes noirs.


Pour conclure, Hellraiser est une oeuvre intelligente, malsaine, et qui tranche avec le cinéma horrifique de la fin des années 80. On est face à un film mature au multiples thématiques. Clive Barker refuse tout comique gore, et offre un film sérieux dans lequel le gore n'est utilisé que pour servir l'intrigue. La maison évoque bien sûr les films comme Amitvyille. Le casting est impeccable et la musique de Christopher Young est sublime.

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le 24 sept. 2014

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