La géniale cinéaste Young-Joo Byun, révélée en 2002 avec Milae, s’était habituée au drame, et le fait qu’elle passe au thriller pur et dur était un tournant inattendu, surtout que la dame s’était faite attendre depuis longtemps, n’ayant rien fait depuis 2004 avec son Flying Boys. Young-Joo Byun construit néanmoins tout son thriller autour d’un fond dramatique, et finalement nous ne sommes qu’assez peu surpris de son choix, mais en revanche c’est ce mélange qui saisit réellement le spectateur. Ça pourrait ressembler à Flight Plan ou Une femme disparaît, avec, justement, la disparition d’une femme, et un futur mari bien décidé à la retrouver, même s’il se rend très vite compte qu’elle est loin d’être celle qu’il connaissait. Difficile d’éviter de spoiler si l’on s’attaque à l’histoire elle-même, néanmoins on pourra retenir ceci, l’ensemble se déroule devant nos yeux passionnés et nos mains crispées, mais Young-Joo Byun s’emmêle un peu les pinceaux (est-ce de sa faute ou de celle Miyuki Miyabe et son roman, dont le film est adapté ?) vers la fin, passant trop de temps à confirmer des faits que l’on connait au lieu de creuser la personnalité de ses personnages. On ne reste pourtant pas insensible à ceux-ci, mais hormis l’aspect thriller, la compassion du spectateur n’est que peu sollicitée, débouchant sur un final expédié et modérément intéressant; franchement dommage après plus de 90 minutes haletantes.
Quant au coeur de l’oeuvre il est bien plus profond que le simple vrillage de nerfs, il nous dépeint un véritable drame social découlant de la crise économique et rappelant, en plus intelligent, le slasher Dream Home. Brillant, mais aussi d’un cynisme implacable quant aux abîmes de la spirale sans fin que peu créer l’argent.
L’autre point intéressant de la pellicule c’est son casting impressionnant de justesse. Seon-gyun Lee est éblouissant en futur mari désemparé, Min-hie Kim incarne le désespoir comme rarement on l’a vu, et Seong-ha Jo, assez peu connu, prouve malgré tout que le rôle de fin limier usé n’a aucun secrets pour lui.
Helpless est donc un film très sympathique, prouvant à la fois que drame et thriller peuvent se marier afin d’offrir un grand spectacle, mais aussi que ce mariage peut déboucher vers un final à la tension dramatique usée. Ne boudons cependant pas notre plaisir, Helpless est visuellement abouti et ne laisse aucune place à l’ennui, une raison supplémentaire pour aller le voir à l’édition 2012 du Festival du Film Coréen à Paris).
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